Shadow Kid – Breaking visual barriers
Lorsque l’on évoque le handicap dans la danse, on pense instinctivement à des danseurs diminués physiquement, qui défieraient les lois de la gravité en réinventant leur art, faisant de leur faiblesse une force. Mais jamais ne nous viendrait à l’idée de penser à un danseur aveugle. Et pourtant, c’est dans la jungle urbaine d’Hong Kong que se tapit Shadow Kid, bboy chinois.
Avocat le jour, vengeur masqué la nuit. Rendu aveugle des suites d’un accident traumatisant dans son enfance, Matt Murdock alias Daredevil arpente les rues de Hell’s Kitchen pour les débarrasser de ses criminels et se fie à son ouïe hors du commun pour combler ses déficiences de vue. On dit des personnes qui ont perdu un de leur cinq sens, qu’ils développent instinctivement une acuité surhumaine pour combler ce vide. C’est le cas de Shadow Kid, un bboy unique au monde originaire de Hong Kong, ayant perdu plus de 95% de son acuité visuelle. A l’instar de Daredevil, Shadow Kid a su transformer sa faiblesse en force et, depuis 14 ans, impose son nom sur la scène de breakdance Hongkongaise, avec l’ambition de faire parler de lui dans le monde entier. Rencontre avec un bboy pas comme les autres.
SHADOWKID – BREAKING VISUALS BARRIERS
LA CÉCITÉ CHEZ LES DANSEURS
Cela fait plus de 14 ans que je suis actif sur la scène breaking de Hong Kong, et je n’ai encore jamais rencontré quelqu’un comme moi, quelqu’un qui ait ce handicap. Cela ferait de moi le seul bboy aveugle dans tout Hong Kong, la classe, non ? Ce qui est d’autant plus dingue c’est qu’en creusant un peu je me suis même rendu compte que tous les bboys handicapés que je connaissais sur la scène mondiale présentaient des diminutions physiques mais aucun n’était aveugle. Ce qui fait de moi le seul bboy aveugle de toute la scène internationale en fait ! Etant donné que je suis le seul bboy aveugle, cela implique également que sois le premier, et donc contrairement à mes camarades handicapés qui peuvent puiser de l’inspiration et des exemples chez les anciens, moi je n’ai personne à qui demander conseil, je dois tout inventer et faire par moi-même. C’est d’autant plus frustrant que, là où un type qui rentre des powermoves de folie avec une jambe ou un bras en moins, est tout de suite très impressionnant à voir, moi, mon handicap n’est pas palpable, il ne saute pas aux yeux (sans mauvais jeu de mot). Donc ce que je fais demande des efforts considérables mais ils ne se constatent pas forcément dans ma danse.
Pour apprendre des moves, je mate des heures de vidéo au ralenti, ne serait-ce que pour choper la base du mouvement, mais cela me demande des efforts colossaux. Alors pour palier à ce manque et ne pas trop me fatiguer, je vais surtout faire en sorte de comprendre l’essence du mouvement, puis le travailler à partir de là – plutôt que de l’apprendre de manière très scolaire. Cela m’a permis de mieux comprendre mon corps et sa façon de réagir pour me forger mon style de danse.
Je me suis essayé au yoga, au fitness et à la danse contemporaine ces dernières années, pour ne pas me cantonner à un style. Je me suis rendu compte que chaque discipline possède une façon propre de mouvoir son corps, de l’appréhender. Je trouve cela beaucoup plus simple de prendre pleinement conscience de ton corps lorsque tu es aveugle, qu’en étant en pleine détention de ta vue. Je me dis qu’en étant aveugle, tu te forces à prendre pleinement conscience de ton environnement, tu ne te reposes pas sur la facilité des informations que va te communiquer ton cerveau grâce à ta vue. Ce qui fait les grands champions est selon moi la parfaite combinaison entre la pratique régulière, la conscience que tu vas développer de ton corps et de son fonctionnement, et ta capacité à te remettre en question constamment pour améliorer ta danse. C’est cela qui me rend aujourd’hui compétitif dans les battles de break : j’ai développé une très haute conscience de mon corps, grâce à mon abnégation et à toutes les disciplines sportives auxquelles j’ai pris part.
» Imagine-toi dans un cypher, pour contrôler tes mouvements, c’est déjà compliqué de ne pas se bousculer quand le cercle est petit, mais rajoute à ça une vision diminuée de 95%, c’est vraiment difficile. «
LA CONSCIENCE DE L’ESPACE
Mon handicap a démarré à mes dix ans. J’étais une personne totalement normale avant cela. Je n’ai commencé à danser qu’après mon accident, avant je voyais parfaitement, je jouais même au basket. Un jour mon ami d’enfance, bboy Stamina, m’a montré comment faire un poirier. Je n’ai plus jamais lâché la danse depuis ce jour.
Grâce à mon passif de sportif, j’arrive à me repérer facilement dans l’espace malgré ma cécité, à me situer par rapport aux objets, aux gens et à la distance les séparant. Mon sens de l’espace s’est amélioré après mon accident. En revanche, contrairement à ce que l’on pourrait croire, mes autres sens ne se sont pas développés pour autant, contrairement à Daredevil… J’ai le même odorat, la même ouïe et le même toucher qu’avant.
C’est ce sens de l’espace qui m’accompagne au quotidien et qui est une vraie béquille dans ma vie de tous les jours. C’est elle qui me permet de me repérer, de ne pas rentrer dans les gens quand je marche dans la rue, par exemple. Quand je danse, c’est pareil. Imagine-toi dans un cypher, pour contrôler tes mouvements, c’est déjà compliqué de ne pas se bousculer quand le cercle est petit, mais rajoute à ça une vision diminuée de 95%, c’est vraiment difficile. La musique dicte mes mouvements et c’est sur elle que je me repose pour savoir comment bouger. J’ai l’impression qu’il y a une grande part d’instinct et d’inconscient dans ce que je fais, comme si je me laissais aller à faire confiance à la musique et à mon corps pour me guider dans la danse.
Le truc vraiment dérangeant avec la cécité, c’est qu’en surface, tu n’as aucun handicap visible, donc les gens ne s’attendent pas à ce que tu sois diminué, alors même que je requiers souvent l’aide d’étrangers dans ma vie quotidienne : pour lire le menu au restaurant, m’indiquer le nom d’une rue, prendre les transports… Ils croient que je me moque d’eux alors que j’ai juste besoin d’aide. Chaque jour est une nouvelle épreuve, c’est une charge mentale supplémentaire qui me pèse et que je suis obligé de devoir gérer totalement seul.
Depuis tout à l’heure, mon récit doit sonner très négatif mais ce n’est pas comme cela que je le vis. Evidemment mon quotidien est parsemé de désagréments, mais je les gère en les intégrant à mon quotidien…
ILL ABILITIES – 2020
En 2020, j’ai eu la grande chance de rencontrer le crew de renommée mondiale ILL-Abilities, à Hong Kong. Ils étaient invités par une association locale qui promeut diverses activités auprès des handicapés moteurs. Les membres d’ILL-Abilities cherchaient des bboys locaux pour faire une session et connecter avec la scène Hongkongaise et de fil en aiguille, on s’est retrouvé à faire une grosse session dans le studio de danse d’un ami. Ca a été un moment fondateur pour moi, c’est la première fois que je dansais avec d’autres handicapés, c’était très inspirant. Et puis c’était le ILL-Abilities crew, excusez du peu ! C’est un crew qui a énormément œuvré au niveau mondial pour faire reconnaître le break auprès des handicapés, on leur doit beaucoup.
Le leader de ILL-Abilities s’appelle Lazy Legs et il danse avec ses béquilles ! Tandis que Redo, un hollandais, n’a pas de jambes, lui laissant la possibilité d’avoir son propre style de danse, unique au monde. Comme je le disais tout à l’heure, j’ai également dû moi-même créer mon style étant donné que je n’ai personne de qui m’inspirer. Mais être témoin de la force et de l’abnégation des membres de ce crew m’a inspiré en plus de me mettre du baume au cœur et me donner la confiance et la force pour continuer.
Le truc de fou c’est que, malgré leurs handicaps, les membres de ce crew participent aux mêmes compétitions que les bboys normaux, et sont au niveau ! Ce que je veux dire c’est qu’il n’y a pas de discrimination positive au sein des juges et arbitres : ce n’est pas parce que qu’ils sont handicapés qu’ils sont avantagés au moment de la décision, ce qui rend leurs victoires justes et belles.
Je parlais à Redo et lui avais demandé comment il vivait ses tracas quotidiens avec ce handicap. Ce à quoi il m’avait répondu, le plus simplement du monde : « Ce n’est pas grande chose honnêtement. » C’est à ce moment que j’ai compris que c’est à chacun de choisir comment on vit son handicap : pour lui ce n’était rien, juste une autre façon de vivre, simplement. Tous les membres de ce crew sont hyper positifs concernant leurs handicaps, qu’ils ne voient même pas comme des obstacles au quotidien mais simplement des différences à prendre en compte dans leur vie. J’ai eu beaucoup de mal à accepter ma quasi-cécité et surtout à vivre avec, mais jamais elle ne m’a empêché de rêver et de faire en sorte d’atteindre mes objectifs. Mais voir les membres d’ILL-Abilities tenir un discours aussi optimiste et comprendre que leurs diminutions physiques ne représentaient pas une barrière pour eux, ça a été un tournant dans ma vie, vraiment. Je vis désormais en appliquant leur vision de la vie : pas d’excuses, pas de limites.
J’adorerai collaborer avec eux dans le futur.
» Ils croient que je me moque d’eux alors que j’ai juste besoin d’aide. «
18 DISTRICT BATTLE
Le moment le plus marquant dans ma vie a sûrement été le 18 District Battle, à Hong Kong. C’était la première fois qu’un battle de cette envergure prenait part dans la ville, un battle où chacun des 18 quartiers de la ville était représenté par un crew qui défendait son territoire.
Etant donné que je n’ai plus de crew, j’étais très enthousiaste à l’idée de participer au battle avec mes amis de toujours. Je pense que de très solides amitiés se forment à travers le break : tu rencontres des danseurs, vous dansez ensemble, et souvent ils deviennent tes amis avec le temps. Le quartier duquel je viens – Tung Chung – c’est une petite île à l’ouest du centre de Hong Kong et les amis avec lesquels je danse, je les connais depuis toujours, bien avant de commencer à danser. C’est pour ça que ce battle avait une saveur particulière pour moi : ce n’était pas qu’une question de danse, mais aussi et surtout d’amitié, de fraternité, un vrai sentiment d’appartenance. Il y avait un défi supplémentaire : notre quartier est un peu excentré et on n’est pas totalement intégré à la densité de la vie Hongkongaise, alors c’était également l’occasion de montrer que, malgré notre éloignement, on faisait partie des bboys les plus chauds de la ville !
Malheureusement, quelques jours avant le battle, je me suis blessé dans le dos, un truc sérieux. J’ai remis en question ma participation à ce battle, mais on s’était tellement entraînés, on avait tellement travaillé, je ne pouvais pas louper ça. Alors j’ai consulté un kiné spécialisé, et j’ai fait des séances d’étirements surhumains pendant toute la semaine précédent le battle, de sorte à ne pas aggraver ma blessure….
Ce battle, je ne l’oublierai jamais. Sur les 18 équipes participantes, et malgré ma blessure, nous nous sommes hissés jusqu’aux demi-finales. J’ai réussi à rentrer tous les powermoves et tous les freezes que je voulais, malgré ma blessure, je me suis surpassé. Je pense que j’étais porté par tout l’amour et le soutien que je recevais de mes potes, de mon quartier. Tout le monde était derrière moi.
Avec mon handicap, j’ai toujours besoin d’avoir quelqu’un de valide avec moi, ne serait-ce que pour me dire qui a gagné le battle… Des fois je n’arrive pas à voir la décision des juges. De temps en temps je ne sais même pas contre qui je danse avant de reconnaître le style du danseur, ou même quand je regarde les vidéos quelques temps après. Donc heureusement que mes amis sont là pour m’aider et me guider. J’aimerai remercier toute ma famille de Tung Chung pour leur amour et soutien depuis tant d’années, dans et en dehors de la scène break d’Hong Kong. C’est aussi grâce à eux que ce battle a été tellement important pour moi.
When we talk about disabilities in dance, we instinctively think about physically impaired dancers, who would defy the laws of gravity by reinventing their art, turning their weakness into a strength. But we would never think of a blind dancer. And yet, it is in the urban jungle of Hong Kong that Shadow Kid, a Chinese bboy, lurks.
Lawyer by day, masked avenger by night. Blinded by a traumatic childhood accident, Matt Murdock aka Daredevil walks the streets of Hell’s Kitchen to rid them of its criminals and relies on his unusual hearing to fill his sight deficiencies. People who have lost one of their five senses are said to instinctively develop a superhuman acuity to fill this void. It’s precisely the case of Shadow Kid, a unique bboy in this sense, native to Hong Kong, and having lost more than 95% of his visual acuity. Like Daredevil, Shadow Kid has been able to transform his weakness into strength and, for the past 14 years, has made his mark on the Hong Kong breakdancing scene, with the ambition of having his name ring bells worldwide. Meet a bboy like no other.
Visual impairment in the breaking scene
My visual impairment started when I was 10 years old. However, I was a totally normal person before that. My vision was crystal clear, and I used to play sports a lot such as basketball. Ironically enough, I actually started dancing after I got my visual impairment. My friend, bboy Stamina, showed me how to do a headstand at a basketball court when we were kids. After that, the rest was history.
Since I have a sports background, I have some sort of idea of how spacing and distance works between objects and people — but my sense of space enhanced further after my visual impairment. People may assume that my other senses like touch, hearing, smell or taste would be significantly stronger but unfortunately, it’s not like the popular Marvel character Daredevil. I feel that my other senses are just normal like when I had crystal clear vision but that doesn’t mean I don’t rely on them too.
I had to rely on my sense of space the most to manage my daily life like walking on the streets, not bumping into people, etc. Utilizing my sense of space in the breaking scene was also crucial, as in a battle or cypher you need to know how to control your movements to not crash into anyone. It’s difficult enough to control your movements in a small cypher but imagine doing that with 2-5% vision on top of that. However, the music playing in a jam or competition helps me dictate the movements I will execute in that moment. I think the most amazing thing about breaking is that you don’t necessarily need external factors for you to move. Despite my visual impairment, it’s the subconscious and spirit from within that makes me feel excited to get down on the dance floor.
The weird thing about being visually impaired is that everyone assumes you are totally fine on the surface, but you actually require some assistance in certain areas. It feels weird to ask a stranger to read a menu out loud if I look normal in their eyes. They might think I’m playing a prank on them or that I’m stupid. I would have to find my own methods on how to survive in daily life. Going to restaurants, taking public transportation, and even trying to recognize people — it’s all types of nuisances that I navigate strictly on my own. Although the way I’m speaking may sound like it’s in a negative context, it’s not. These issues are in a way “nuisances” in my daily life, but I don’t see them that way. I’m just being myself and discovering ways on how to deal with them. Writing my own “visually impaired story” you could say.
Actually, my left eye has 5% vision while my right eye has 2% vision. Even though my left eye is a little better, it’s still not enough for me to rely on my eyes in daily life. Overall, this is why I rely on my sense of space the most as it’s the sense that allows me to get around in dance, work, social interactions, and just daily life in general.
Sense of Space
We prepare so hard for battles, and sometimes you win, sometimes you don’t. There are two moments that really stand out that connect to this particular story. There are a lot of battles where you feel that you got robbed, and you get so butt hurt and pissed. Even if I’m past that now, I remember a lot of times being like “Damn, I know my worth, I know I should’ve taken that”. I have the mindset of a competitor. A few years ago I spent a lot of time and energy being upset about a loss. I’ve worked a lot on that mindset.
My first memory brings us back to 2011. I did a 2 on 2 with some homies and we lost. It was so fascinating to see how we responded to it because we were really pissed like : “We should’ve taken that! The people we battled were wack, what were the judges thinking ?!”. We spent a lot of energy getting upset.
There was another time in 2013. I traveled to Japan and I entered the Body Carnival Anniversary battle, I did the 1 on 1 bgirl battle. It was literally like 200 bgirls there and they went straight to top 8. I was pretty confident in my rounds and I saw that I didn’t make it to the top 8. I was like “You know what, whatever”. Every part of me was just like I’m out here, I’m not gonna waste my energy on something negative, I’m in Japan, so I’m gonna live my best life. I responded totally differently to the fact of loosing a battle.
That is thanks to some people I met that helped me think about my relationship with victory and loss : between these two jams I travelled to Europe, I can’t remember what the situation was, but along the lines it was about battling. There, I met my home girl Tania AKA The Hunter. She’s an OG Bgirl from Spain and like a big sister to me. I remember we were kicking it together and I had a negative feeling about an event. I felt that my negative feeling was about to ruin my event, and Tania felt it too. Tania told me simple words to reassure me. What she said to me helped me since that day, it helped me with my headspace, my mentality about winning and loosing. She was like ”Hey yo, Jay, seriously, it’s not the end of the world. There’s literally a battle next week, and the weekend after that, and the weekend after that. Don’t take it too personally.”. It seems so simple, but the moment she said that to me it literally changed my whole perspective, my whole mentality, my approach. There is no need to get mad, to get salty, it’s such a waste of time and energy. When you enter a battle, you see the judges, you get an idea of what they’re looking for, so you know who they are, and you step into the battle knowing what you should to get a chance to win. So, what will happen is on you. If the judges don’t pick you, it clearly means that you didn’t do enough. You should’ve done way more. That’s also telling you to get your ass back to the lab, hold yourself accountable for what you’re putting yourself into and at the end of the day, there’s another freaking battle. It’s not the end of the world, I love just that simple line.
ILL-Abilities, 2020
In 2020, I had the honour to meet the world-renowned ILL-Abilities crew in Hong Kong. They were invited by an organization that empowers the physically disabled through various social initiatives. ILL-Abilities then asked around the bboy connections they had in Hong Kong and somehow, we linked up for a practice session at my friend’s studio. It was a truly inspiring exchange for me personally because I never practiced with bboys who had any disability of some sort. Also, this is the ILL-Abilities crew! In the breaking scene, they definitely made a lot of noise and built up their reputation as a crew that breaks stereotypes on a global scale.
The leader of ILL-Abilities “Lazy Legs” utilizes his crutches in his dance, while another member from the Netherlands “Redo” has unique limbs that make him create his own individual style of movement. As I mentioned earlier, I also had to create my own method of dancing as I don’t have any reference to other visually impaired bboys online or in person. But just witnessing how the ILL-Abilities members used their disabilities to their advantage, was inspiring and heart-warming at the same time.
The crazy thing about ILL-Abilities is that although they have disabilities, they can still compete in global dance battles at the same level. What I mean by that is that people and judges aren’t giving them props just because they can perform well with their disabilities, but they stand by other bboys and bgirls who are perfectly normal – and can beat them fair and square.
I remember I was asking Redo about his daily struggles in life as a physically disabled person. To my surprise, Redo casually said, “Nothing much really.” I understood that as he doesn’t see his disabilities as a struggle, it’s just his way of living. The ILL-Abilities are extremely optimistic about their “disabilities” that they don’t even see them as a barrier to reaching their goals and dreams. I’ve been struggling as a visually impaired person for the vast majority of my life, and honestly it hasn’t stopped me as well to achieve my life goals. But knowing that there are a group of disabled dancers like the ILL-Abilities who don’t even view their disabilities as “disabilities” was a total game changer. Where your physical or mental barriers aren’t even conceptualized as “barriers” in your mind, but just your way of living. The ILL-Abilities truly live up to their motto, “No Excuses, No Limits.”
I hope maybe in the far future I would be able to collaborate with them or even join ILL-Abilities. Who knows right?
18 Districts Battle, 2022
The 18 Districts battle in Hong Kong was probably the most memorable battle in my life. This was the first time in Hong Kong that a battle had this format, where the 18 districts of the city formed a team representing their designated district and battled it out. A Hong Kong IBE vibe, honestly.
Since I don’t have a crew anymore, I was excited to battle with my brothers for this jam. I think some crews are created solely based on breaking and then slowly they became closer as actual friends throughout the years. But from my district, Tung Chung, we are actually living on a small island. I grew up with these guys since primary school, some even since kindergarten. I think it’s been around 14 years that we dance together, but we were friends long before breaking. So, to me, this battle was more than just about breaking. It’s about brotherhood, friendship, and a sense of belonging. Plus, our district is on the line. I want to show that even though Tung Chung is a small island, we are some of the best bboys in the city of Hong Kong.
Unfortunately, a few days before the battle, I got a serious back injury. I was hesitant to join the battle, but we had been preparing for this event for months. I felt like this was a once-in-a-lifetime opportunity. So I said to myself, “You know what? Let’s still join it.” I went to a physiotherapist and did a tremendous amount of stretching days prior to the 18 districts battle to avoid worsening my injury.
The 18 districts battle is a battle I’ll never forget. Out of all the 18 districts, we’ve managed to make it to the semi-finals. I was surprised that I could pull off my powermoves and freeze stack combos despite my back injury. Maybe it was from the support I got from my Tung Chung homies during the battles.
Being a visually impaired bboy, you actually need a partner or trusted friend to guide you. You need a pair of eyes to tell you who won the battle as I can’t clearly see the judges’ decision, especially if I join a 1v1. There were times I didn’t even know who I was battling unless I recognize the person’s dance style or watch the battle footage after. It takes quite a lot of confidence to compete in battles with a visual disability as I’m literally blinded by surroundings, hence the fact that I need a pair of eyes to guide me in certain situations.
Massive shoutout to my Tung Chung homies for being my friends all these years, outside of the breaking scene. Definitely left a spot in my heart to make the 18 Districts battle a memorable one.
Texte par : Erryl Ho
Photos par : Ape Kay. @aka.apekay
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