Welcome to bboy Lilou.
Ali Ramdani, très connu sous le nom de bboy Lilou a marqué tous les esprits, les plus cartésiens comme les plus tordus, du monde du breaking international. Originaire de Vaulx-en-Velin, nous sommes allés le rencontrer chez lui, dans sa ville qui l’a forgé d’un alliage de caractère trempé et de sympathie inoxydable.
BREAKERS : Peux-tu te présenter s’il te plait ?
Je m’appelle Lilou, j’ai grandi et je vis à Vaulx-en-Velin. Je suis multiple champion du monde de breaking, globe-trotter, bon voyageur… grosse tête du break quoi.
BREAKERS : Donc là on est à Vaulx-en-Velin, c’est un quartier de Lyon qui a beaucoup fait parler de lui, surtout dans les années 1980-1990, c’étaient les années de ta jeunesse.
En 1990 il y a eu une bavure policière dans le quartier, et ça a donné naissance aux premiers mouvements de contestations urbains. J’avais six ans, j’ai vu tous ces soulèvements avec mes petits yeux. Tout le quartier s’est rebellé, tout était en feu, ça a duré au moins quinze jours. Ça a fait la réputation de notre quartier.
BREAKERS : Et toi, tu en as quels souvenirs ?
Quand tu as 6 ans et que tu vois une vingtaine de mecs cagoulés passer devant toi en courant, coursés par la police, dans un décor de voitures brûlées, et que tu es au milieu de tout ça, ça te grave des images à vie. En même temps, ça avait un côté excitant. Et puis à 6 ans tu ne te poses pas de question, la frontière entre le bien et le mal n’est pas très claire. Et surtout, quand tu nais là-dedans, tu te dis que c’est partout pareil sur terre, que c’est juste la vie. C’est en grandissant qu’on comprend que c’est uniquement en banlieue que ça se passe comme ça. Ce n’est pas pour autant que je quitterai Vaulx-en-Velin.
Ici, à Vaulx-en-Velin, on est chez nous, on est entre nous, ça déchire.
« J’ai fait 12 ans de kung-fu. J’ai donc été éduqué au respect, à l’obéissance et à toutes ces notions. A 16 ans, j’étais ceinture noire. »
BREAKERS : Tes parents, eux, sont arrivés en France vers les années 1970. Quelle a été leur réalité en arrivant dans ce quartier déjà socialement mouvementé ?
Dis-toi que quand tu viens d’une montagne en Algérie, que tu es fermier et que tu arrives en France, peu importe où tu arrives, l’objectif est atteint. Ensuite, certes mon père est arrivé dans un quartier, mais en même temps heureusement, car il a pu être entouré de personnes qui parlaient la même langue que lui. Il a ensuite travaillé pendant deux ans pour pouvoir payer un billet d’avion à ma mère et ma sœur et commencer une nouvelle vie. Tu vois le bonhomme !
BREAKERS : Les valeurs de travail, de disciplines doivent donc être très ancrées dans ta famille, dans l’éducation que tu as eue. C’est de là que tu tiens ton mental d’acier ?
C’est vrai que dans ma famille, on a connu la valeur du travail et de l’argent très tôt. Ça nous a forgé, ça nous a mis dans le droit chemin directement. Surtout quand tu vois que tous tes potes partent en cacahuète, l’un trafique, l’autre est en prison…
Dans ma fratrie, nous avons également été éduqués au sport. Ça nous occupait après les cours, ça nous évitait de traîner. Ça nous disciplinait beaucoup aussi. J’ai fait 12 ans de kung-fu, donc j’ai été éduqué au respect, à l’obéissance et à toutes ces notions. A 16 ans j’étais ceinture noire.
BREAKERS : Par curiosité, tu es un peu connu comme étant « le petit à lunettes », tu n’as jamais reçu de critiques particulières qui t’auraient poussé à te forger un tel mental ?
J’ai reçu des taquineries si, mais comme tout le monde, c’est normal quand t’es gamin. Je n’ai jamais reçu de méchanceté gratuite. A vrai dire, j’étais plutôt un petit leader, je n’ai jamais été un suiveur.
Et puis surtout, on avait tellement tous des dégaines différentes. On se foutait de la mode car on n’avait pas de sous. J’avais des gros verres de lunette parce que c’est ce qui coûtait le moins cher, on allait à l’école en pyjama. La seule mode qui dure depuis le temps, c’est Lacoste et AirMax.
BREAKERS : Il y a des choses qui ne changent pas ! Toi et Lacoste c’est une grande histoire n’est-ce pas ?
Ah oui, mon style n’a pas changé depuis des années. On s’habille comme ça dans les quartiers, c’est un symbole de réussite, car Lacoste ça coûte cher. Maintenant c’est une marque que mettent les jeunes de cité, ça a changé de clientèle. C’est l’histoire de la mode, les grandes marques signent des contrats avec des artistes musicaux issus de la culture urbaine, car ce sont eux qui font le plus d’audience aujourd’hui. Donc la rue s’approprie les marques.
BREAKERS : Parlons un peu de danse, de break. Où l’as-tu rencontré ? A quel âge ?
Ici, à Vaulx, à l’âge de 6 ans. Au début ce n’était pas tout à fait du break, c’était la hype. Le grand écart américain, la wave etc. A l’école primaire j’essayais de faire des saltos dans le bac à sable aussi. Voilà, c’était peut-être un éveil.
Ensuite, à mes douze ans j’ai réellement pris goût au break. Un jour, j’étais en train de jouer au foot dans le quartier et j’entends du son sortir de la salle polyvalente. Je m’en approche et je vois des gars tourner sur la tête. J’ai dit que je voulais aller apprendre ça, et ils m’ont invité dans leur salle. Au bout d’un mois j’avais quelques tours de coupole, de thomas etc. Ça a commencé comme ça. Deux ans après, ces gars-là ont arrêté et moi jamais.
BREAKERS : Donc tu as continué de ton côté. On est à peu près vers 1999, l’année où a commencé à se former Pockémon crew ?
Oui, nous avons créé ce groupe avec Georges et Salim. C’était vraiment notre initiative de monter un groupe Lyonnais car il y avait plein de danseurs à Lyon mais aucun crew pour nous représenter. J’étais le plus petit du groupe.
Le nom du groupe fait naturellement référence au jeu, qui était très à la mode à l’époque. Genre le générique disait « attrapez les tous », on s’identifiait aux Pokémons car on était nous aussi des petits monstres avec nos formes et couleurs différentes. En plus on était jeunes, donc ça collait parfaitement.
Je me rappelle du premier battle qu’on a fait sous ce nom. C’était Total Session 2, en 1999 à Grenoble, on était tous petits avec un blaze à notre image alors que la mode à cette époque c’étaient les blazes de supers-vilains genre « Rock Force », « Vagabonds », « Phase T (pour phase terminale) » … Et nous, Pockémon, on arrive, on est tout petits, on a des grosses lunettes, et on défonce tout le monde.
BREAKERS : Pour revenir un peu sur la ville de Lyon, aujourd’hui le break Lyonnais a sa réputation. On peut facilement l’associer à un vrai lifestyle.
Complètement, nous les Lyonnais on a toujours notre propre style. Et je ne parle pas que de break, mais à tous les niveaux, on est des Lyonnais quoi !
BREAKERS : Tu as déjà essayé de définir ce lifestyle ? De mettre des adjectifs dessus ?
Pas vraiment. Mais déjà, on aime rester entre nous, on n’aime pas trop se mélanger, tout le monde est un ennemi par défaut. Quand on arrivait en battle, on arrivait à vingt et on restait entre nous. On n’a jamais voulu faire comme les autres.
Après, au niveau de la danse, on ne connaissait pas tout ce qui était flow etc. Nous on était dans la performance, il fallait que ça fasse le show, des powermoves, des techniques chelou. On n’est pas la capitale, on n’avait pas beaucoup d’informations, mais on était quand même des bboys. A l’heure actuelle, c’est comme si tu vas dans une région éloignée du Brésil et que tu vois des mecs ne faire que des saltos et des powermove. Ce n’est pas blâmable, c’est leur manière de le vivre dans leur contexte.
BREAKERS : Moi j’ai l’impression qu’à Lyon, l’approche du break est très freestyle, caractérielle. Il y a énormément de danseurs très prometteurs, très forts qui arrêtent la danse lorsqu’ils ont des responsabilités professionnelles ou familiales, car ils ont associé le break à une période de leur vie qui était freestyle. Du coup, dès qu’ils entrent dans une période à responsabilité, ça ne colle plus avec leur style de vie.
C’est exactement ça. On les appelle les talents gâchés ici car ils ont un potentiel fou mais n’arrivent pas à faire carrière. L’indiscipline lyonnaise est là depuis des années, et moi, en termes de transmission, j’éduque la nouvelle génération à garder ce comportement indiscipliné dans le break. Quand je parle à des jeunes comme Pac Pac ou autre, je leur dis qu’ils sont des exemples même du break Lyonnais, et ça fait plaisir. C’est la culture locale, on est fiers de notre style désinvolte.
BREAKERS : Et ça vient d’où ce style indiscipliné ?
Tu aurais dû venir voir nos entraînements à l’Opéra dans les années 2000, c’était chaotique. L’Opéra de Lyon est en plein centre-ville. Tous les mecs de banlieue Lyonnaise venaient s’entraîner là-bas, accompagnés de tous les cas sociaux du centre-ville qui campaient à l’Opéra, des ivrognes etc. En gros, c’était tellement le bordel qu’on se battait déjà pour exister sur ce sol.
Ça a duré des années, même quand je m’entrainais pour les BC One 2009/2010 j’étais obligé de me prendre la tête fréquemment avec des gars pour me faire ma place. C’est constamment la guerre.
BREAKERS : C’est clair que ça doit forger un caractère différent, plus impulsif que les bboys qui s’entraînent de manière très disciplinée dans des salles .
Personnellement je déteste m’entraîner dans les salles. En 2003, avec Pockémon, quand on est devenus champions du monde, on a signé une convention de 10 ans avec l’Opéra pour pouvoir s’entraîner librement dans leur salle. Pour bosser nos créations, nos battles en crew et tout c’était parfait. Mais quand je préparais des compétitions en solo, il fallait que je sois en bas, sur le parvis, il fallait que je sois entouré de cette énergie qui nous caractérise. On appelait ça « La France d’en bas ».
On s’est éduqué à l’arrache, le luxe et le confort ne nous va pas, ce n’est pas nous.
BREAKERS : En 2002, 2003, tu as environ 17/18 ans et j’imagine que tu ne penses qu’au break. Tes proches en pensent quoi ?
Le deal avec mes parents était qu’il fallait que je ramène au moins le BAC. Je ne me voyais pas faire de grandes études car j’aimais beaucoup trop le break, et que des opportunités commençaient à se présenter.
En 2002, avec Pockémon on est vice-champion de France. En 2003 nous sommes champions de France, puis champion du monde. Ensuite tout s’est enchaîné, on était programmé pour quelques shows, j’avais des petites rentrées d’argent, je faisais quelques voyages, je m’assumais. Même si j’avais arrêté l’école, je ne trainais pas dans le quartier, donc pour mes parents c’était ok. Et puis 5 mois après avoir eu mon BAC, j’ai ramené la ceinture du Red Bull BC One, ça a été ça mon diplôme. Les voyages se sont intensifiés, les demandes de jurys etc.
BREAKERS : Avant de continuer sur ta carrière solo, peut-on faire le point sur la relation Lilou – Brahim ?
Ahhh oui, c’est un duo de fou ça. On s’est rencontré à l’Opéra en 2001/2002. Brahim, c’est un surdoué. Tout ce qu’il a appris, il l’a appris en 3 essais. Il passait beaucoup de temps à l’entrainement mais il s’entraînait très peu. Toi, quand tu bosses un mouvement, tu le bosses vraiment durement, alors que lui, il essaie et il y arrive.
Donc on s’est rencontré à l’Opéra, il venait d’un autre quartier. Quand je l’ai vu pour la première fois, il avait déjà tous les grands powermoves de l’époque, coupole, nineteen, thomas etc. Je me suis demandé qui était ce gamin quoi, et lui a eu ce sentiment réciproque lorsqu’il m’a vu. Donc on a commencé à se lier d’amitié très vite. C’était mon meilleur pote, il a intégré Pockémon dans la foulée.
BREAKERS : Et après vous êtes devenus un duo légendaire.
Oui, on est devenu imbattables car on se connaissait par cœur. Il y avait en fait une compétition positive entre lui et moi. C’est-à-dire qu’à l’entrainement, il faisait un truc et il fallait que je fasse mieux que lui, et ainsi de suite. Je faisais un move à ma sauce, il me disait « Ah batard ! » et essayait de faire mieux. Et on a gardé ce truc en battle. Lorsqu’on faisait des 2 vs 2, les gens ne le savaient pas mais on ne dansait pas contre les adversaires, on dansait l’un contre l’autre, même si on était ensemble. Genre, lorsque moi je faisais un passage qui avait tout déchiré, bah lui me disait « Ah ouais tu as fait lever le public ? Bah tu vas voir », et il attaquait son passage avec cet état d’esprit. On ne prêtait aucune attention aux adversaires.
Pour imaginer réellement ce qui se passait, je vais vous raconter une anecdote. Lorsqu’on est parti en Corée pour le Freestyle Session, Brahim est venu avec un ballon de foot dans son sac. Tous les jours on était en bas de l’hôtel en train de jouer au foot alors que tous les autres danseurs s’entrainaient. Nous on sortait en boîte le soir, on revenait à 6h30 du matin alors que les compétiteurs prenaient leurs petits déjeuners. J’avais 21 ans et Brahim 19 ans.
Le jour du battle 2 vs 2, on arrive dans le gymnase dans lequel se déroulait la compétition. Tout le monde s’entrainait, s’échauffait , et moi et Brahim on était chacun d’un côté du gymnase et on se faisait un « cage à cage » avec le ballon. Je m’en rappelle comme si c’était hier, tous les bboys étaient au centre en train de cercler et nous on faisait des grands tirs qui traversaient le gymnase. Et là on entend : « Yo, yo, Pockémon crew, next battle ». C’était à nous ! Brahim range le ballon, on va au battle et on gagne la compétition. On récupère le trophée, on retourne prendre nos affaires et on ne trouve plus le ballon. Ils avaient volé le ballon !
J’en ai beaucoup des histoires comme ça où on ne s’entraînait pas avant le battle, on s’amusait, et on gagnait. On était dans notre monde, on était imbattables, et on le savait.
Le battle très connu, Pockémon vs Gamblerz. Quand le speaker a annoncé qu’on était contre Gamblerz on a crié « Ouais ! », on était trop contents car on savait qu’on allait les démonter.
BREAKERS : Donc quand vous étiez ensemble, vous n’aviez jamais la pression du battle ?
Avec lui, jamais. On était tellement bien ensemble.
Devant nous on a tout vu, on a eu Kaku qui a mis 18 tours de 2000 au Chelles Battle Pro 2007, j’ai eu Physicx qui m’as mis 12 tours sur les coudes, mais on gagnait ! Plus rien ne pouvait nous choquer !
On a été un des duos légendaires du break international, un classique.
BREAKERS : Dans ta carrière solo, en 2005, tu es appelé pour le Red Bull BC One ? C’est une surprise ?
Petite surprise oui, c’était cool. A l’époque ce n’était pas encore un gros battle, ce n’était que la 2nde édition d’un battle un peu commercial on va dire. C’était l’une des premières fois qu’une grosse marque investissait dans un battle de break. Donc c’était une grande surprise d’être invité dans cette line-up, qui était quand même conséquente, mais ce n’était pas le battle de l’année !
J’étais en pleine montée dans ma carrière solo, et on a été invité avec Brahim. C’est ça qui a fait que j’ai gagné d’ailleurs.
BREAKERS : Comment ça ?
Je m’étais énormément entraîné pour cette compétition, je m’étais fait remarquer à l’IBE et autres gros battles. La line-up était super. Je me suis blessé 2 jours avant le battle, à l’entraînement en faisant clash – remontée main. Je me suis cassé le doigt, j’ai fini à l’hôpital. Les médecins m’ont interdit de danser, de poser la main.
Mais là, au Red Bull BC One, c’était la première fois qu’on était payé pour danser, c’est-à-dire que même si on ne gagnait pas, on repartait quand même avec 1000€. Et moi, qui n’avait que la danse comme source de revenu, je me suis dit que j’allais quand même danser pour prendre mes sous. Je m’en foutais de toute manière.
J’arrive au premier tour, et je remporte le battle contre Physicx. Je me suis dit « Ok, alors on va jusqu’au bout, si j’ai pu sortir Physicx, je peux sortir tout le monde. J’ai enlevé mon atèle, ma plaque en métal. Mes doigts étaient tous bleus. J’avais le soutien de Brahim derrière moi, qui avait perdu au premier tour. J’ai sorti tout le monde et j’ai remporté la ceinture.
Le soutien de Brahim a beaucoup contribué à cette victoire. Mais aussi, je m’étais énormément entraîné pour ça. Je me suis toujours entraîné des mois à l’avance lorsque j’avais des grosses échéances en solo. J’ai toujours été très rigoureux là-dessus.
« C’était chaotique, on se battait pour exister sur ce sol. »
BREAKERS : Et du coup, tu peux nous raconter cette histoire du trophée du Red Bull BC One ? Où est la ceinture ?
Bah chez moi, j’aurai dû la ramener !
BREAKERS : Elle n’est pas chez ta grand-mère en Algérie ?
Non, elle a toujours été à Vaulx ! En fait, lorsque je l’ai remportée, j’étais super content, c’était un vrai bel objet qui avait une valeur importante. Donc je l’ai ramenée chez moi et quelques mois après, Red Bull m’appelle pour leur rendre la ceinture, comme en boxe où les vainqueurs rendent la ceinture après quelque temps pour la rejouer.
Sauf que moi, qui ait toujours été un petit rebelle, je me suis dit : C’est Red Bull, ils ont de l’argent, ils n’ont qu’à en refaire une autre ! Jamais de la vie je ne leur rends la ceinture. Je leur ai dit que j’avais donné la ceinture à ma grand-mère, qui vit dans un village dans les montagnes en Algérie.
Mes relations avec Red Bull les années qui ont suivi n’ont pas été très bonnes. De 2005 à 2008 les trophées n’étaient pas des ceintures, car ils espéraient que je ramène la mienne. Puis en 2009, pour l’édition qui se déroulait à New York, ils ont décidé de rétablir la tradition et de réinstaurer la ceinture. Du coup j’ai décidé de reparticiper. J’ai gagné cette édition, et j’ai ramené la seconde ceinture à la maison. Mais au moins maintenant, il y a une ceinture par année !
Les 2 premières ceintures de l’histoire sont à la maison !
Cette victoire était très importante pour moi car elle allait faire de moi le premier bboy à remporter 2 fois le Red Bull BC One, ça allait me booster et m’assurer un peu de sécurité professionnellement et financièrement.
BREAKERS : Lors de ce Red Bull BC One, à New York, tu portais ce T-shirt « I’m muslim, don’t panic ». C’était une image très forte, surtout aux Etats Unis quelques années après les attentats. Tu as toujours revendiqué tes origines en battle.
J’ai toujours marqué mon appartenance à ma communauté, à mes origines. Tout le monde parle de mon T-shirt au BC One à New York, mais bien avant cela je venais déjà en battle avec un turban. En 2007 j’ai fait le BC ONE en représentant l’Algérie, pas la France.
Je me suis beaucoup inspiré du rap, qui est très revendicateur, qui prend position sur beaucoup de sujets. Un rappeur utilise sa voix pour combattre, moi j’utilisais ma danse, mon style. Lorsque j’ai fait le BC One en 2007, je l’ai fait avec un T-shirt sur lequel était écrit « Africa is the future ». Directement j’avais le public dans ma poche. J’ai compris très tôt qu’il fallait jouer de son image, de sa personnalité, de qui je suis.
BREAKERS : Et après ça tu as eu une grande carrière internationale ?
Oui, j’ai enchaîné les grosses expériences. Ma plus grosse expérience a été de chorégraphier une partie de la tournée de Madonna. Moi, petit jeune du quartier, je me suis retrouvé aux Etats-Unis avec Brahim, à faire partie d’une grosse production américaine. Les moyens étaient démesurés. J’ai aussi dansé au Super Bowl, toujours pour Madonna qui est une artiste culturellement incroyable.
BREAKERS : Comment as- tu appréhendé ces changements de mode de vie, ces expériences ? Tu as dû avoir beaucoup de critiques de la part de ton public suite à ces choix.
Normalement, sans stress, sans rien changer. Je suis dans le réel, j’ai toujours été attaché à mes valeurs, et j’ai toujours su ce qui était important pour moi. Je n’ai jamais calculé les gens qui m’ont critiqué, que ce soit dans le break ou dans d’autres milieux. J’écoutais ce qui se disait, mais ça ne m’affectait pas. Au contraire, qu’on parle de moi en bien ou en mal, tant mieux, ça me fait de la pub gratuite !
BREAKERS : Aujourd’hui, on te voit beaucoup avec ta nouvelle structure, « Street Off ». On te voit énormément voyager aussi. Était-ce cela ton objectif depuis le début, parcourir le monde ?
Street Off, c’est la continuité de ma carrière. J’ai monté cette structure pour me permettre de passer à la suite de mes envies. Dans le monde du break, j’ai tout fait. Tous les battles de break internationaux, je les ai soit gagnés, soit jugés. Donc en 2015, après avoir gagné « Undisputed », je me suis retiré des Battles et j’ai créé ma propre structure avec comme mots d’ordre « culture, partage, voyage ». J’avais envie dans un premier temps de réunir les talents de la street et les mettre en lumière. La structure me permet de beaucoup voyager aujourd’hui, de partir à la rencontre du break dans les pays peu médiatisés, de filmer, documenter et partager mes expériences. Ça me permet de faire et soutenir des événements caritatifs dans des pays d’Afrique. On travaille énormément en Afrique avec Street Off pour développer la culture. L’avenir est là-bas selon moi.
BREAKERS : Tu donnes beaucoup de workshop dans les pays où tu vas. On voit sur tes vidéos que tu échanges beaucoup avec les locaux, les enfants, la jeunesse. Est-ce que tu penses leur apprendre plus qu’ils ne t’apprennent ?
Je dis aux danseurs dès que j’arrive dans un workshop : vous allez repartir inspirés d’ici, mais sachez que moi aussi, quand je quitterai votre pays je serai encore plus inspiré et motivé. Quand tu vois comment les gars au Niger, au Congo, au Kenya s’entraînent, t’accueillent, et sont généreux et passionnés avec toi, c’est juste incroyable. Ils vont être curieux, disponibles, l’ambiance n’a plus rien à voir avec celle qu’on a en Europe.
BREAKERS : Tu retrouves un côté authentique là-bas ? Je me demandais tout à l’heure, à quel milieu social associer le break ? Je ne sais plus trop si le break est encore associé à une culture de rue aujourd’hui en France.
Aujourd’hui en France, le break se fait dans une salle. Et si tu n’as pas de miroirs, tu fais la demande pour avoir les miroirs. Puis après il te faut la clim… Ce n’est plus du tout comme avant. Ce que je retrouve dans les pays d’Afrique, c’est l’authenticité. C’est d’être content qu’il y ait un événement, de vivre l’événement, de vivre l’échange avec la personne qu’on a eu en face. D’être content qu’un étranger vienne dans ton pays. Tu retrouves cette authenticité dans mes voyages, dans mes vidéos et c’est ça qui me plait et qui me pousse à aller encore plus loin. J’ai été danser dans près d’une centaine de pays, et ce n’est pas fini.
BREAKERS : Une dernière question, le break aux JO, qu’en penses-tu réellement ?
Je vais te dire ce que je dis à tout le monde, j’ai hâte d’être en 2025 ! Je suis content et fier que le break soit reconnu en tant que discipline olympique, l’ascension est juste exceptionnelle. On attire une plus grande audience, on attire des marques, on va voir de plus en plus de danseurs qui vont faire carrière dans la danse. Il y a bien plus d’avantages que d’inconvénients.
C’est le rôle des danseurs ensuite de véhiculer l’image qu’ils souhaitent véhiculer. Danser pour une grande marque et rester authentique n’est pas incompatible, tant que tu bosses de manière authentique. Tant qu’à côté tu continues de transmettre le vrai message. Là où je mets mes réserves c’est sur la manière par laquelle ça va être mis en place. Il faut que l’on se fasse respecter à la juste valeur de notre travail.
Et j’ai hâte d’être en 2025, car je vois tout l’engouement qu’il y a autour de cet événement, comme si après les JO le break allait disparaître. Car là on parle des JO, mais c’est tout ce qui se passe autour qui est important. En effet, après les jeux, nous, on sera toujours là pour faire avancer la culture. Les JO nous apportent la lumière, et en 2025, quand l’engouement se sera essoufflé, on sera tous toujours là. C’est donc à nous de nous approprier cette lumière pour se développer seuls. Voyons sur le long terme, 2030, 2040, qu’est-ce qu’on va faire d’ici là ?
BREAKERS : Est-ce qu’il y a une question qu’on ne t’a pas posé à laquelle tu aurais aimé répondre ?
Un petit mot sur le battle de Vaulx. A Vaulx tout le monde me connait car je suis champion du monde de danse, mais beaucoup n’ont jamais vu de battle ou ne savent pas ce que je fais. Alors je leur ai dit, ne bougez pas, je vais vous ramener les meilleurs danseurs mondiaux ! Et j’ai vraiment ramené les meilleurs. C’était une fierté de monter sur scène en claquette, d’organiser ça à la maison.
Ali Ramdani, better known under the name of Bboy Lilou, has marked all kinds of minds, from the most Cartesian to the most convoluted, in the world of international breaking.
Originally from Vaulx-en-Velin, we went to meet him at his hometown, the city that forged him with a combination of tempered character and indomitable sympathy.
Can you please introduce yourself? My name is Lilou, I grew up and I live in Vaulx-en-Velin. I’m a multiple breaking world champion, a globetrotter, a good traveler… a staple of breaking.
So here we are in Vaulx-en-Velin, a district of Lyon that has been much talked about, especially in the years 1980-1990, those were the years of your youth. In 1990 there was a police brutality event in the neighborhood, and that gave birth to the first urban protest movements. I was six years old, I saw all these uprisings with my little eyes. The whole neighborhood rebelled, everything was on fire, it lasted at least fifteen days. It made the reputation of our neighborhood.
And you, what do you remember? When you’re 6 years old and you see about 20 guys in masks running past you, being chased by the police, in a scene of burned cars, and you’re in the middle of it all, it etches images in your head for life. At the same time, it was exciting. And then at 6 years old you don’t ask yourself any questions, the border between good and evil is not very clear. And above all, when you are born into this, you tell yourself that it is the same everywhere on earth, that it is just life. It’s when you grow up that you understand that it’s only in the suburbs that it happens like that. It’s not for that reason that I will leave Vaulx- en-Velin.
Here, in Vaulx-en-Velin, we are at home, we are among ourselves, it rocks.
Your parents arrived in France in the 1970s. What was their reality when they arrived in this already socially turbulent area? Think that when you come from a mountain in Algeria, you are a farmer and you arrive in France, no matter where you arrive, the goal is achieved. Then, of course, my father arrived in a neighborhood, but at the same time fortunately, because he was surrounded by people who spoke the same language as him. He then worked for two years to be able to pay for a plane ticket for my mother and sister and start a new life. You see the type of man!
The values of work, of discipline must be deeply rooted in your family, in the education you have had. Is that where you got your steel mind from? It’s true that in my family, we knew the value of work and money very early. It forged us, it put us on the right path directly. Especially when you see that all your friends are going crazy, one is dealing, the other is in jail…
In my siblings, we were also educated in sports. It kept us busy after school, it kept us from hanging around. It also disciplined us a lot. I did 12 years of kung-fu, so I was educated in respect, obedience and all those notions. At 16 I was a black belt.
Just out of curiosity, you’re known as « the kid with glasses », did you ever receive any particular criticism that would have pushed you to forge such a mindset? I have received some teasing, but like everyone else, it’s normal when you’re a kid. I never received any gratuitous nastiness. To tell you the truth, I was more of a little leader, I was never a follower.
And most of all, we all had so many different outfits. We didn’t care about fashion because we didn’t have any money. I had big glasses because they were the cheapest, we went to school in pajamas. The only fashion that has lasted since then is Lacoste and AirMax.
Some things never change! You and Lacoste are a great story, aren’t you? Oh yes, my style hasn’t changed for years. We dress like that in our neighborhoods, it is a symbol of success, because Lacoste is expensive. Now it’s a brand that young people from the hood wear, it has changed as far as clientele goes. It is the history of fashion, the big brands sign contracts with musical artists from the urban culture, because they are the ones who have the biggest audience today. So the street appropriates the brands.
Let’s talk about dance, about breaking. Where did you meet it? At what age? Here, in Vaulx, at the age of 6. At the beginning it wasn’t quite breaking, it was « hype ». The « split », the « wave » etc. In elementary school I tried to do flips in the sandbox too. That’s it, maybe it was an awakening.
Then, when I was twelve years old, I really took a liking to breaking. One day, I was playing soccer in the neighborhood and I heard sounds coming out of the multipurpose room. I walk up to it and see some guys spinning on their heads. I said I wanted to learn that, and they invited me to their spot. After a month I had a few rounds of windmills, flares etc. That’s how it started. Two years later, those guys stopped and I never did.
So you continued on your own. We are around 1999, the year when Pockémon crew started to be formed? Yes, we created this group with Georges and Salim. It was really our initiative to create a group from Lyon because there were many dancers in Lyon but no crew to represent us. I was the youngest of the group.
The name of the group naturally refers to the game, which was very fashionable at the time. Like the theme song said « catch them all », we identified with the Pokémons because we were also little monsters with our different shapes and colors. Plus we were young, so it was a perfect fit.
I remember the first battle we did under this name. It was Total Session 2, in 1999 in Grenoble, we were all small with a name in
our image while the fashion at that time was the blazes of super-villains like « Rock Force », « Vagabonds », « Phase T (for terminal phase) »… And we, Pockémon, we arrive, we are very small, we have big glasses, and we smash everyone.
To come back to the city of Lyon; today the Lyon breaking scene has its reputation. It can be easily associated with a real lifestyle.
Completely, we people from Lyon always have our own style. And I’m not just talking about breaking, but on all levels, we are Lyonnais!
Have you ever tried to define this lifestyle? Put adjectives on it? Not really. But already, we like to stay with each other, we don’t like to mix too much, everyone is an enemy by default. When came to battles, we came 20 deep and we stayed with each other. We never wanted to be like the others.
In terms of dance, we didn’t know everything about flow etc. We were into performance, it had to be a show, powermoves, crazy techniques. We were about the performance, it had to be a show, powermoves, crazy techniques. We are not the capital, we did not have much information, but we were still bboys. Right now, it’s like if you go to a remote area of Brazil and see guys doing nothing but flips and powermoves. It’s not something to blame them for, it’s how they live it in their context.
I have the impression that in Lyon, the approach of breaking is very freestyle based, based on character. There are a lot of very promising, very strong dancers who stop dancing when they have professional or family responsibilities, because they have associated breaking with a period of their life which was freestyle. So, as soon as they enter a period of responsibility, it doesn’t fit with their lifestyle anymore. That’s exactly it. We call them wasted talents here because they have a lot of potential but they can’t make a career. Lyon’s undisciplined attitude has been there for years, and I, in terms of transmission, am educating the new generation to keep this undisciplined attitude in breaking. When I talk to young people like Pac Pac or others, I tell them that they are examples of Lyon breaking, and that makes me happy. It’s the local culture, we are proud of our undisciplined style.
And where does this undisciplined style come from? You should have seen our training at the Opera in the 2000s, it was chaotic. The Opera of Lyon is in the middle of the city. All the guys from the suburbs of Lyon came to train there, along with all the hoodlums from the city center who camped at the Opera, drunks etc. Basically, it was so messy that we were already fighting to exist on this ground.
It’s been going on for years, even when I was training for the 2009/2010 BC One I had to butt heads with guys frequently to earn my spot. It’s a constant war.
It’s clear that it must forge a different character, more impulsive than the bboys who train in a very disciplined way in gyms etc. Personally I hate training in gyms. In 2003, with Pockémon, when we became world champions, we signed a 10-year agreement with the Opera to train freely in their hall. To work on our creations, our crew battles and everything, it was perfect. But when I was preparing solo competitions, I had to be downstairs, on the square, I had to be surrounded by this energy that characterizes us. We called it « La France d’en bas ».
We were educated the street way, luxury and comfort do not suit us, it is not us.
In 2002, 2003, you are about 17/18 years old and I imagine that you only think about breaking. What do your relatives think about it? The deal with my parents was that I had to get my high school degree at least. I didn’t see myself doing any major studies because I liked breaking too much, and opportunities were starting to present themselves.
In 2002, with Pockémon, we are vice-champion of France. In 2003 we were French champions, then world champions. Then everything went on, we were scheduled for some shows, I had small incomes, I made some trips, I handled myself. Even if I had stopped school, I wasn’t hanging out in the neighborhood, so for my parents it was ok. And then 5 months after graduating, I brought home the Red Bull BC One belt, that was my diploma. The trips intensified, the jury requests etc.
Before continuing on your solo career, can we take stock of the relationship between Lilou and Brahim? Ahhh yes, it’s a crazy duo. We met at the Opera in 2001/2002. Brahim, he is a gifted. Everything he learned, he learned in 3 tries. He spent a lot of time in training but he trained very little. You, when you work on a move, you work really hard, whereas he tries and he succeeds.
So we met at the Opera, he was from another neighborhood. When I saw him for the first time, he already had all the great powermoves of the time, windmills, 90s, flares etc. I wondered who this kid was, and he had that mutual feeling when he saw me. So we started to become friends very quickly. He was my best buddy, he joined Pockémon right away.
And then you became a legendary duo. Yes, we became unbeatable because we knew each other by heart. There was actually a positive competition between him and me. That is to say that in training, he would do something and I had to do it better than him, and so on. I would do a move on my own, he would say « Ah bastard! » and try to do better. And we kept this thing in battles. When we were doing 2 vs 2s, people didn’t know it but we weren’t dancing against our opponents, we were dancing against each other, even if we were together. Like, when I was doing a round that had torn everything apart, he would say to me « Oh yeah, you made the public stand up? Well, you’ll see », and he would attack his round with this state of mind. We didn’t pay any attention to our opponents.
To really imagine what was going on, I’ll tell you an anecdote. When we went to Korea for the Freestyle Session, Brahim came with a soccer ball in his bag. Every day we were downstairs in the hotel playing soccer while all the other dancers were practicing. We went out to clubs in the evening and came back at 6:30 in the morning while the competitors were having their breakfast. I was 21 years old and Brahim was 19.
The day of the battle for 2 vs 2s, we arrived in the gym where the competition took place. Everyone was training, warming up etc., and me and Brahim were each on one side of the gym and we were doing a « cage to cage » with the ball. I remember it like it was yesterday, all the bboys were in the middle of floor and we were taking big shots that crossed the gym. And then you hear: « Yo, yo, Pockémon crew, next battle ». It was our turn! Brahim puts the ball away, we go to the battle and we win the competition.
We take the trophy, we return to take our stuff and we don’t find the ball anymore. They had stolen the ball!
I have a lot of stories like that where we didn’t train before the battle, we had fun, and we won. We were in our own world, we were unbeatable, and we knew it.
The very famous battle, Pockémon vs Gamblerz. When the announcer announced that we were against Gamblerz we shouted « Yeah! », we were so happy because we knew we were going to rip them apart.
So when you were together, you never had the pressure of battle? With him, never. We were so good together.
In front of us we saw everything, we had Kaku who did 18 rounds of 2000 at the Chelles Battle Pro 2007, I had Physicx who did 12 rounds on his elbows, but we won! Nothing could shock us anymore!
We were one of the legendary duos of International breaking, a classic.
In your solo career, in 2005, you are called for the Red Bull BC One? Was it a surprise? A little surprise yes, it was cool. At that time it wasn’t a big battle yet, it was only the 2nd edition of a battle that was a little commercial we’ll say. It was one of the first times that a big brand invested in a breaking battle. So, it was a big surprise to be invited in this line-up, which was consistent, but it wasn’t THE battle of the year!
I was in full rise in my solo career, and we were invited with Brahim. That’s what made me win by the way.
What do you mean by that? I had trained a lot for this competition, I had been noticed at the IBE and other big battles. The line- up was great. I got injured 2 days before the battle, during training, doing airchair to one-arm freeze. I broke my finger, I ended up in the hospital etc.. The doctors forbade me to dance, to put my hand down etc.
But there, at the Red BullBC One, it was the first time that we were paid to dance, that is to say that even if we did not win, we still left with 1000€. And I, who only had dancing as a source of income, thought that I would still dance to get my money. I didn’t care anyway.
I got to the first round, and I won the battle against Physicx. I thought, « Okay, let’s go all the way, if I can take Physicx out, I can take anybody out. I took off my brace, my metal plate and so on. My fingers were all blue. I had the support of Brahim behind me, who had lost in the first round. I took everyone out and won the belt.
The support of Brahim contributed a lot to this victory. But also, I had trained a lot for this. I always trained months in advance when I had big solo events. I have always been very rigorous about it.
And on that note, can you tell us about the Red Bull BC One trophy? Where is the belt? At home, I should have brought it!
It is not with your grandmother in Algeria? No, it has always been in Vaulx! In fact, when I won it, I was very happy, it was a really beautiful object that had great value. So I brought it back home and a few months later, Red Bull called me to give them the belt back, like in boxing where the winners give the belt back after some time to play it again.
Except that I, who was always a little rebel, said to myself: It’s Red Bull, they have money, they can just make another one! I’ll never
give them the belt back. I told them that I had given the belt to my grandmother, who lives in a village in the mountains in Algeria.
My relations with Red Bull in the following years were not very good. From 2005 to 2008 the trophies were not belts, because they were hoping I would bring mine back. Then in 2009, for the edition that was held in New York, they decided to restore the tradition and reintroduce the belt. So I decided to participate again. I won that edition, and I brought home the second belt. But at least now there is one belt per year!
The first 2 belts in history are at home!
This victory was very important for me because it would make me the first bboy to win the Red Bull BC One twice, it would boost me and give me some security professionally and financially.
During this Red Bull BC One, in New York, you wore this « I’m muslim, don’t panic » T-shirt. It was a very strong image, especially in the United States a few years after the attacks. You have always claimed your origins in battle. I always marked my belonging to my community, to my origins etc. Everyone talks about my T-shirt at BC One in New York, but long before that I was already wearing a turban in battle. In 2007 I did the BC ONE representing Algeria, not France.
I was very inspired by rap, which is very radical, which takes a stand on many subjects. A rapper uses his voice to fight, I used my dance, my style. When I did the BC One in 2007, I did it with a T-shirt on which « Africa is the future » was written.
Directly, I had the public in my pocket. I understood very early that I had to play with my image, my personality, who I am.
And after that you had a great international career? Yes, I had a lot of big experiences. My biggest experience was choreographing part of Madonna’s tour. I, a little kid from the neighborhood, found myself in the United States with Brahim, to be part of a big American production. The budgets were excessive. I also danced at the Super Bowl, always for Madonna who is an incredible cultural artist.
How did you apprehend these changes in lifestyle, these experiences? You must have had a lot of criticism from your audience because of these choices. Normally, without stress, without changing anything. I am in the real world, I have always been attached to my values, and I have always known what was important to me. I never paid any attention to the people who criticized me, whether in breaking or in other circles. I listened to what was said, but it didn’t affect me. On the contrary, if people talk about me in a good or bad way, it’s good, it’s free publicity for me!
Today, we see you a lot with your new structure, « Street Off ». We see you traveling a lot too. Was this your objective since the beginning, to travel the world? Street Off is the continuity of my career. I created this structure to allow me to follow my desires. In the world of breaking, I’ve done everything. All the international breaking battles, I either won them or judged them. So in 2015, after winning « Undisputed », I retired from Battles and created my own structure with this motto : »culture, sharing, travel ». I wanted at first to bring the talents of the street together and put them in the light. The structure allows me to travel a lot today, to go and meet breaking in countries with little media coverage, to film, document and share my experiences. It allows me to do and support charity events in African countries. We work a lot in Africa with Street Off to develop the culture. I think the future is there.
You give a lot of workshops in the countries where you go. We see on your videos that you exchange a lot with the locals, the children, the youth. Do you think you teach them more than they teach you? I tell the dancers as soon as I arrive in a workshop: You will leave inspired from here, but you should know that when I leave your country I will be even more inspired and motivated. When you see how the guys in Niger, Congo, Kenya train, welcome you, and are generous and passionate with you, it’s just incredible. They will be curious, available, the atmosphere has nothing to do with the one we have in Europe.
Do you find an authentic side there? I was wondering earlier, to which social class is breaking associated? I don’t really know if breaking is still associated with a street culture today in France. Today in France, breaking is done in a room or gym. And if you don’t have mirrors, you ask for them. Then you need the air conditioning… It’s not like it used to be. What I find in African countries is authenticity. It is to be happy that there is an event, to live the event, to live the exchange with the person we had in front of us. To be happy that a foreigner comes to your country. You find this authenticity in my travels, in my videos and that’s what I like and what pushes me to go even further. I’ve been dancing in almost a hundred countries, and it’s not over yet.
One last question, breaking at the Olympics, what do you really think about it? I’ll tell you what I tell everyone, I can’t wait for 2025! I am happy and proud that breaking is recognized as an Olympic discipline, the rise is just exceptional. We’re attracting a bigger audience, we’re attracting brands, we’re going to see more and more dancers going into dance as a career. There’s a lot more upside than downside.
It’s the dancers’ role to convey the image they want to convey. Dancing for a big brand and staying authentic is not incompatible, as long as you work in an authentic way. As long as you continue to transmit the real message. Where I have reservations is on the way it will be implemented. We need to be respected for the true value of our work.
And I can’t wait for 2025, because I see all the excitement around this event, as if after the Olympics breaking would disappear. Because now we talk about the Olympics, but it is all that happens around it that is important. Indeed, after the Games, we will always be there to advance the culture and push it forward. The Olympics bring us light, and in 2025, when the craze will have run out of steam, we will all still be there. So, it’s up to us to take this light and develop on our own. Let’s look at the long term, 2030, 2040, what are we going to do by then?
Is there a question that you haven’t been asked that you would have liked to answer? A little word about the battle of Vaulx. In Vaulx everyone knows me because I am the world champion of dance, but many have never seen a battle or do not know what I do. So, I told them, hold on, I’ll bring you the best dancers in the world! And I did bring the best. It was a pride to go on stage in flip flops, to organize this at home.
Interview : Lilou. @lilou_officiel
Texte par : Tom Chaix. @tomrockk
Photos par : Sebastián Esguerra. @__aburridx__
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