luXe, l’enfant adoptif du Bronx.
Par opposition directe à la nature, la culture n’a rien d’inné. Bâtie par la curiosité, grandie dans l’expérience, elle évolue, se meut dans le temps et l’espace, elle se transmet, s’enseigne, s’apprend, régresse, se confronte. Elle dépasse les frontières, fait fi des limitations idéologiques et géographiques, elle réunit sur un socle de valeurs communes des personnes que tout opposerait.
Toute culture possède ses esthètes. LuXe, aka Nasty Yass, incarne la culture Hip-hop dans ce qu’elle représente de plus passionnel, de plus passionné. Né en France, Nasty Yass est fils de résistants iraniens ayant fui un régime corrompu. Il grandit en banlieue parisienne pendant de longues années et les graffs courant sur les murs du 95 rythment ses trajets de RER, faisant germer petit à petit la graine du Hip-hop dans son esprit.
C’est lors de son premier voyage aux US qu’il tombera finalement amoureux de cette culture. Comme elle, luXe est un enfant de la balle et en elle, il trouve les valeurs qu’il a toujours cherchées : tolérance, discipline, ouverture d’esprit. Il s’entraînera auprès des plus grands, deviendra membre des Zulu Kings et embrassera pleinement l’essence du Hip-hop, entre graffiti, danse et rap.
Nous l’avons rencontré dans son 95 d’adoption, terre de ses premiers pas dans le break, pour retracer sa vie, sa vision du Hip-hop et parler des Chevaliers du Zodiaque.
BREAKERS : Peux-tu te présenter ?
Je m’appelle luXe, c’est mon blaze de rappeur. Dans le bboying on me connait sous le nom de Nasty Yass. J’ai eu beaucoup d’AKAs aussi, comme Nightmare, L’enfant adoptif du Bronx, Musical homicide, L’ingénieur du son. Ces blazes qui portent sur la musique m’ont été donnés car j’ai été très rapidement axé sur la musique, avant même d’être fort en danse. J’ai très vite appris à digger, à accéder à des banques de sons énormes.
Je suis né dans le 93. À mes sept ans, on a déménagé en famille dans le 95. Je représente aujourd’hui le crew 95Zoo, c’est un groupe de break de gens qui viennent du 95. On s’est alliés naturellement, à force de prendre les mêmes trains pour revenir de battles, d’aller aux states ensemble, etc.
BREAKERS : Dans quel contexte as-tu grandi ? Était-ce un contexte qui a favorisé ta rencontre avec le Hip-hop ?
Je suis né dans le 93, mais mes parents sont réfugiés politiques iraniens. Ils étaient très actifs dans la résistance iranienne au bled et une fois en France ils sont restés actifs et ont continué d’y travailler jusqu’à il y a cinq ans. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle on a déménagé dans le 95, car à Paris c’est ici que se trouvent les résistants. Donc je suis né moi-même réfugié politique, je passais la plupart de mon temps au travail de mes parents, entouré de gens aux histoires complexes ; des soldats, des gens qui ont détourné des avions, etc., des récits complètement fous.
Mes souvenirs d’enfance sont des manifestations de milliers de personnes qui crient « À mort l’impérialisme occidental, à mort ****, l’***, la *** ». Par conséquent, j’ai grandi avec des repères qui n’ont rien à voir avec le fait de grandir dans une métropole multiculturelle. Je n’ai pas eu l’éducation qui me permettait de comprendre la réalité que je voyais dans la rue tous les jours.
Mes darons étaient dans ce truc tellement extrême que j’ai eu besoin de me construire mes propres repères. Comme s’il me fallait mon truc extrême à moi. Je pense que le Hip-hop m’a offert ça, m’a donné les clés pour comprendre le monde. C’est pour cela que je suis très attaché aux anciens, aux grands frères, car ce sont eux qui m’ont apporté cela.
« Mes darons étaient dans ce truc tellement extrême que j’ai eu besoin de me construire mes propres repères. Comme s’il me fallait mon truc extrême à moi. »
BREAKERS : Quel a été le déclic qui t’a amené vers le Hip-hop ?
Avec mes parents on bougeait souvent en train. Ici tu as la ligne H qui rejoint Paris. Ce sont ces trajets en train qui ont attisé ma curiosité. J’étais gosse, donc je regardais par la fenêtre et je voyais les graffs de toutes les légendes de la banlieue nord. Je m’interrogeais sur les différentes structures, techniques, formes de dessins. La diversité me fascinait, tant de dessins différents. C’est comme quand tu regardes les Looney Tunes et qu’aucun des personnages ne se ressemble.
BREAKERS : Peux-tu nous situer rapidement les différentes périodes de ta vie, entre les phases graff, rap, break ; entre les USA et la France ?
Factuellement, j’ai commencé par le graff. À mes 13 ans, vers 2000, j’ai commencé le break. La première cassette que j’ai regardée était celle du BOTY 2000, quand les Flying Steps ont gagné. J’ai ensuite eu accès à des cassettes « trésors » : Ken Swift volumes 1 et 2.
En 2003, à 16 ans, je suis parti pour la première fois à New York tout seul. J’avais dix jours à tuer sur place donc je suis allé dans la street, je me suis baladé et je suis tombé sur des danseurs sur la 5th avenue à côté de la Grande Bibliothèque de NY et à Battery Park. C’étaient surtout des mecs de la rue, ceux qui font les street shows à NY et qui, physiquement et spirituellement, sont des machines. J’ai échangé avec beaucoup de monde pendant ce premier voyage, j’ai battle des mecs dans la street, beaucoup sont de grands Bboys, certains sont devenus de bons amis.
Suite à cette première expérience, j’étais piqué. J’ai commencé à retourner très fréquemment aux États Unis. Tout l’argent qu’on gagnait en street shows au Trocadéro servait exclusivement à partir aux États Unis fumer des gens.
Au retour de ce premier voyage je suis parti pour la première fois à l’IBE. J’y ai rencontré Alien Ness qui est devenu avec le temps un de mes plus grands mentors.
BREAKERS : Avant de reprendre sur le break, quelque chose m’interpelle. Suite à ce que tu viens de décrire, j’en conclus que tu es tombé amoureux des États-Unis et que tu es parti t’y installer. Qu’est-ce que tes parents et l’environnement dans lequel tu as grandi quand tu étais jeune pensent de l’amour que tu portes aux USA ? Alors que tu as grandi dans une communauté accrochée à l’anti-impérialisme dont tu parlais et un anti-américanisme viscéral ?
Déjà, je vais commencer par dire que je le vis très bien. Quand j’avais 7 – 8 ans, il y a un truc qui a fait tilt dans ma tête. Mes parents me donnaient certains conseils pour mon éducation selon leur vision du monde et j’ai eu un déclic qui m’a fait me dire : « Le monde a trop changé depuis qu’eux ont cette vision en tête. ».
Effectivement, tu te sens très seul quand tu comprends ça, mais en même temps très solide. C’est comme si tu avais vu la falaise devant toi, sa hauteur, et que désormais tu sais que tu ne vas pas tomber.
Ça ne m’a pas empêché d’aimer mes parents de toutes mes forces. Au contraire même, ça m’a permis de me détacher de leur responsabilité envers mon succès. Ça a laissé place à un amour plus pur.
Je me suis donc rapidement rendu compte de la douille qu’était la politique. Que, dans le monde des homo-sapiens, la politique est faite à 100% de jeux de pouvoirs malsains, hypocrites, qui cachent des choses plus sales que ce que tu peux imaginer de plus sale.
BREAKERS : En France, quand tu as commencé à danser, qui étaient tes grands ?
Dans le 95 ils s’appelaient TKO. Plus tard Smirnoff, il y avait notamment Bboy Peckos qui a déménagé dans le 95 au moment où il était le plus chaud de sa vie. Il m’a beaucoup aidé et défendu. Il y avait également Bboy Reegan, un des plus grands phaseurs d’île de France, toujours inégalé selon moi.
Nordine aussi m’a formé musicalement. Il m’a appris à digger, à apprécier le funk. Une fois il me conduisait chez moi et il mettait du funk dans la voiture. Et je lui ai dit « Gros, fuck ça, mets du rap. ».
Il s’est garé sur le bord de la route, a arrêté la voiture et m’a dit : « Il faut que je t’explique un truc. Là, tu te mets sérieusement dans le break, si tu veux avoir une chance de devenir fort il faut que tu comprennes l’héritage musical du break, le fonctionnement, la métrique, etc. C’est le funk qui t’expliquera tout ça, le rap n’est qu’un résultat. ». Il a commencé à tout m’expliquer, j’en suis devenu passionné. J’ai commencé à digger, deux mois après, on m’appelait l’ingénieur du son. Encore aujourd’hui, si je dois faire un battle de sample, je fume n’importe qui en France.
J’ai vite appris que je voulais impressionner les anciens, qu’ils n’auraient pas imaginé qu’il y allait y avoir des mecs comme ça après eux. Ma relation avec eux allait être celle-là.
BREAKERS : On dit parfois que « tu ne connais pas le Hip-hop tant que tu n’es pas allé à New York ».
New York est le centre, c’est l’endroit de naissance et de croissance. Quoi qu’on dise, l’évolution du Hip-hop part toujours de là-bas, et passe toujours par là-bas. Ça se passe à NY, mais c’est universel, chacun peut ensuite en profiter à sa manière. Mais New-York est la source infinie d’informations et il ne faut pas s’en couper. Comment veux-tu allumer les ampoules chez toi si tu coupes l’arrivée d’électricité ?
Ensuite, localement à New York, tu comprends en y vivant que la ville est optimisée pour l’émergence de tels mouvements. Tu le comprends dans la manière par laquelle la ville est construite, comment les gens vivent, parlent. La ville est très dense, quand tu te lèves le matin tu as un voisin qui met la discographie de Rakim en entier et tu n’as pas d’autre choix que de l’écouter. Puis tu descends prendre le métro, et il y a le petit vendeur de CDs du coin avec son Ghetto Blaster qui passe de la Funk dans tout le quartier. Tout le monde rappe là-bas, c’est un vrai lifestyle.
BREAKERS : Tu assimiles tout New-York à cette culture. Mais si tu prends un mec issu des quartiers très riches de NY, il ne va pas forcément faire partie de cette culture. Dans ton entourage peut être que tout le monde vivait de ce lifestyle car c’était ta bulle de fréquentation ?
C’est très intéressant comme remarque et je suis content de pouvoir y répondre de manière fondée. Quand je suis arrivé à New York au tout début, en plus du break et de la street, je donnais des cours de Français à des gens très aisés. Certains de mes clients avaient des enfants que je côtoyais.
Cette bulle de fréquentation que tu décris est beaucoup moins présente là-bas. A New York les gens se parlent beaucoup plus facilement et naturellement qu’ici, c’est très perméable. C’est pour moi la grande différence sociale entre ici et là-bas ; malgré leurs différences, les gens échangent. C’est selon moi un vecteur de croissance économique gigantesque. Les vieux et les petits discutent dans le métro, les noirs et les blancs, les riches et les pauvres.
C’est une caractéristique qui est très facilitatrice à la naissance et au maintien du Hip-hop.
BREAKERS : Une fois installé à New-York, tu as intégré le crew Ready 2 Rock et les Zulu Kingz qui sont des crews pionniers dans l’histoire du Hip-hop. Peux-tu nous en parler ?
J’étais Ready 2 Rock avant de déménager complètement aux États-Unis. Lors d’un énième voyage, j’ai fait mon Battle rituel contre tous les membres qui étaient présents ce jour-là. C’était à Manhattan, après un Jam entier. A la sortie du Jam ils me disent « là tu vas faire ton Battle ». Et j’ai fait ce que j’avais à faire. De toute manière, si tu ne tiens pas cette épreuve, tu n’as rien à faire dans ce business.
Ensuite, j’aimerais aborder ce sujet en présentant un bboy qui a été très important pour moi, c’est Bboy Floor Phantom. Selon moi, c’est le meilleur, tout court. Je l’ai vraiment côtoyé, ma plus grosse fierté dans le break c’est d’avoir pu être son binôme pendant longtemps. J’ai aussi eu la chance de breaker de nombreuses fois avec Kamel. La chose qu’il se passe lorsque tu as Kamel à tes côtés, c’est que son aura te rend automatiquement plus fort. Alors que Floor Phantom est un trou noir. Avec Floor Phantom à tes côtés, tu te rends compte de ce à quoi devrait ressembler le break à 100% et donc immédiatement tu te rends compte de l’immense distance qui te sépare de ce break-là.
Déjà que le break écrase constamment ton égo pour te le reconstruire, être à côté de lui te l’écrase plus que la normale.
Et donc, un de mes plus gros challenges a été de ne pas être ridicule à côté de lui.
Le titre de Bboy n’est pas à la portée de tout le monde. Être un bboy où une bgirl n’est pas une question de niveau, le niveau est un résultat. C’est la manière dont tu gères ton égo qui fait que tu es un bboy ou non. L’égo est une danse et c’est une danse très compliquée.
De mon expérience personnelle, en tant que mec qui a beaucoup voyagé, qui a fait tous les battles, qui s’est retrouvé contre et avec les plus grands, je peux dire aujourd’hui qu’il n’y a pas plus humble qu’un mec vraiment fort. Les mecs qui diffusent l’image du bboy à l’égo surdimensionné ne seront jamais au niveau d’un Kamel, Roxrite, Born ou autre.
Le break c’est brutal. Si tu veux devenir fort tu dois te remettre en question tous les jours. Ceux qui se perdent dans la phase 1 de leur égo ne pourront jamais aller loin. C’est énormément de travail. Personnellement, j’ai tout sacrifié pour ça. J’étais marié avant de m’installer à New York. Je me suis pris toutes les claques que la société peut te mettre pour que tu n’atteignes pas tes buts. L’égo qu’il me reste aujourd’hui c’est la fierté du survivant. En mode – Tu ne peux pas me tester, j’ai tout traversé pour être ici. Je me suis blessé partout jusqu’à comprendre mon corps à 100% et arrêter de me blesser. J’ai battu le démon.
Ce qu’il reste de ces épreuves c’est quelque chose de sain. Quand tu arrives à ce niveau-là de compréhension, tu ne peux pas prendre quelqu’un de haut, car tu sais ce qui l’attend.
BREAKERS : Tu as dansé auprès des légendes. Qu’est-ce que ça fait d’être à côté d’elles ?
T’as regardé les chevaliers du Zodiaque ? Est-ce que tu vois le vieux maître ? En gros, pendant toute la série, le maître de Shiryu est un personnage plutôt vieux – qui est vieux pendant toute la série – posé devant des cascades et qui ne va jamais au combat. Pourtant, Shiryu va constamment le voir pour demander des conseils. À la fin de la série tu comprends que le maître a reçu la technique de respiration divine qui lui permet d’altérer le temps – en gros, un an chez les humains revient à une minute pour lui. Donc pendant toute la série tu crois qu’il vieillit alors qu’en fait son essence humaine est toujours celle de sa jeunesse.
Dans l’humainement possible, j’ai reçu cet équivalent.
Concrètement, à un certain moment de mon apprentissage, j’ai reçu des conseils des plus grands bboys de tous les temps qui m’ont permis de comprendre l’essence réelle du break :
J’ai eu la chance pendant un moment de pouvoir m’entrainer régulièrement seul avec Ken Swift. Un jour il m’a dit « Il faut que tu arrêtes de t’entrainer ». J’étais très étonné, je me demande s’il se fout de moi, après tout ce que j’ai sacrifié pour en arriver là. Il me demande ce qu’est mon but dans le break, d’ici dix, vingt ans. Je lui réponds que je veux marquer le game au fer rouge. Que je veux faire comprendre l’implication gigantesque qu’il faut avoir et qu’il est possible d’avoir.
Il me dit : « Ok, il va falloir que tu changes toute ton approche, que tu arrêtes de faire des battles ». Je ne comprenais pas, donc il m’explique : « Tu vas battle qui ? Ca y est, tu t’es jeté sur tous les mecs de NY que tu trouvais forts. Tu es tellement matrixé que tu ne remarques pas que tu as déjà battle tout le monde. Il faut que tu prennes du recul pour comprendre que le Break est une explosion. Pense aux plus grands breakers que tu connaisses, est-ce que tu en vois un seul à la salle ?
Le break c’est comme le rap, c’est un résultat, ça vient d’autre chose. Quand tu ne sais pas le faire, il faut s’entrainer et c’est brutal. Mais toi tu sais le faire. Maintenant, pour toi, c’est une question de maitrise, de création de moments. C’est une question de quand et surtout de pourquoi. Il faut cesser de faire des Battles où tu vas te faire juger par des mecs moins forts que toi. Fais autre chose gros, vis ta vie à fond et quand ça sera le moment pour toi de danser, ça sera tellement explosif, ça aura tellement de sens que tu ne te reconnaitras plus. Ce seront d’autres challenges. Ce seront des choses que le bboy classique ne pourra pas tester car ce que tu ramèneras sera culturellement trop lourd. ».
J’ai eu la chance qu’il m’ait dit ça et qu’il ait insisté. C’est grâce à de tels conseils que j’ai pu atteindre ce stade dans ma danse.
BREAKERS : Un mot sur Rivers Crew ?
J’ai croisé Born deux fois en France à l’époque. Au battle de Massy notamment. On s’est checké un peu, puis quand je vivais à New-York, il est ensuite venu passer deux semaines chez moi et il m’a demandé un peu timidement : « Que penses-tu que je vienne vivre à NY moi aussi ? ».
Sans réfléchir, je lui ai dit de venir. À cette époque je vivais à Brooklyn, c’était fou ; tout l’immeuble était à mon crew. On vivait tous dedans, on était là avec tous les gangsters, tous les anciens. Les premières générations venaient fumer et boire chez nous. C’était n’importe quoi.
Donc il est venu, j’ai aussi fait partie de son intégration dans Ready 2 Rock. Régulièrement, les gars de Rivers crew venaient à New York, donc on se connectait. J’étais toujours avec eux quand ils venaient. Un soir après le Breaking Convention à l’Apollo, ils ont discuté de mon entrée dans le crew et ça s’est fait ainsi.
« L’égo qu’il me reste aujourd’hui est la fierté du survivant. »
BREAKERS : Ça t’a apporté quoi de t’intéresser à l’essence de la musique en elle-même ? Ça t’a changé quelque chose dans ta danse de comprendre la musique, qui constitue finalement 50% de ce qu’on fait ?
Mon expérience personnelle est mitigée par rapport aux gens que je connais. Selon moi, les mecs qui ont fini par jouer de la musique ou par composer avaient déjà une compréhension intime du truc, qui a fait qu’ils sont partis s’éclater dedans. Je ne pense pas que ça les ait rendus plus fort en danse.
Pour ma part, avec mon expérience dans le rap, j’ai commencé à produire par dépit. J’ai toujours eu une oreille très fine et je n’ai rencontré personne qui pouvait subvenir à mes besoins. J’en avais marre de n’avoir que des retours qui ne me satisfaisaient pas, marre de compter sur les autres pour ça. Et en plus je trouvais ça horrible de devoir me sentir redevable car ils avaient fait un truc pour moi alors que ce n’était même pas à 5% de ce que je voulais. Donc j’ai commencé à produire. Ça m’a réconforté dans des certitudes que j’avais par rapport au rap, et aussi par rapport aux bboys et bgirls, en tant que groupe social.
Il y a un truc que j’appelle la malédiction du bboy. Selon moi, le bboy a une malédiction à partir du moment où il veut faire autre chose que du break. Il a les avantages que le break lui a conférés, mais il a aussi un panel énorme d’inconvénients qu’il traine avec lui à cause du break. Par exemple, – ce que je vais dire par la suite est valable uniquement pour les bboys qui ont été compétitifs – pense à n’importe quel bboy qui a eu une carrière. À part moi, qui est devenu vraiment fort en rap ?
Déjà, combien ont essayé ? Des centaines, des milliers ! Mais qui est devenu fort ? C’est ça la malédiction du bboy. Le gars peut être une étoile en break et il va s’essayer au rap ; ça va être cool ! Mais demande-lui de sortir un vrai son ; ça va être éclaté, cheap, il va manquer un truc. Pourquoi selon vous ?
Le break c’est du direct, du live. C’est pour cela que la culture break a beaucoup souffert dans les années 80 après que l’effet de mode soit passé. C’est rentré ensuite davantage dans l’underground.
Compare ça au rap et au graff. Les rappeurs et graffeurs, qu’est-ce qu’ils avaient en matière de business ? Ils avaient un produit. Dans le break, il n’y a pas de produit. Quand les gens ont commencé à se rendre compte de ça, ils ont fait des produits ; c’est-à-dire des VHS et DVD de break. Mais ils les ont faits pour qui ? Pour eux-mêmes ! Donc la direction du break a toujours été le live. On s’entraine pour briller à un moment T, et non pour quelque chose de pérenne. Lorsque mes grands m’ont expliqué ça, ça m’a sorti du tourbillon.
Et le souci qui s’en suit c’est que lorsque des gens arrivent et qu’ils savent faire des produits, ils choisissent 98% des fois les mauvaises personnes. Ce n’est pas bien fait, ou alors il manque toujours un truc, etc.
BREAKERS : C’est donc pour ça que le Break et le Rap ont divergé à un certain moment. C’est vrai qu’au début des Block Party, le rappeur savait graffer et savait danser également. Et il y avait une faible économie structurée autour de ça. Alors qu’en matière de chiffre d’affaire général aujourd’hui on est aux deux côtés du spectre.
C’est ça, c’est parce que le break n’est pas un produit. Aussi, la France ne sait pas utiliser ses forces à bon escient. L’exception culturelle française ne se matérialise que chez certains des meilleurs breakers qui ont eu un rayonnement international. Chez personne d’autre.
Le reste, c’est de l’amateurisme total. Que ce soit dans les évènements, dans la création d’environnement, dans les flyers… C’est cheap. Ça enlève la magie au truc le plus magique sur Terre. Si moi-même, le mec le plus conquis par la cause, je n’arrive pas à vouloir aller à leurs évènements, comment veux-tu convaincre les autres ?
C’est à cause de ce manque de professionnalisme que je gère aujourd’hui ma plateforme. Ça montera peut-être plus lentement, mais ça sera réel et ça sera chaud.
BREAKERS : Tu enseignes aujourd’hui ?
Pas en ce moment, mais je l’ai fait déjà. Bboy Tao, en huit mois de break il était avec moi en 2v2 contre Casper et Smurf. Il a eu la jugeote de m’écouter quand je lui ai dit qu’il fallait faire les choses dans l’ordre. En un an et demi il a jugé un battle au Japon. Mes élèves à New York sont brillants, Bboy Pollo notamment.
BREAKERS : Un mot pour la jeunesse ?
Mangez une fois par jour, dormez sur le sol dur. Tu verras la vitesse et la patate avec laquelle tu vas te lever le matin ensuite. Et aussi les jeunes, allez chercher la musique, l’histoire, le style. Ecoutez du luXe.
Ne vous prenez pas la douille de l’industrie. Ne vous faite pas avoir par les disquettes de la médiocrité. Si le bas fonctionne, tu peux faire encore plus. Tirez le truc vers le haut. Et gros bigup à tous les gars qui m’ont influencé, aidé, merci à chaque personne qui sait qu’elle a été là, il y en a eu beaucoup.
Compared with nature, culture is not innate. Born in curiosity, nurtured in experience, it evolves, moving in time and space. Culture is transmitted, taught, learned, regressed and confronted. Ignoring ideological and geographical limitations, it goes beyond borders and brings together people of opposed value bases.
And every culture has its aesthetes. luXe, aka Nasty Yass, embodies hip-hop culture in its most passionate form. Born in France, Nasty Yass is the son of Iranian resistance fighters who fled a corrupt regime. He grew up in the suburbs of Paris for many years, and the graffiti running on the walls of the 95th arrondissement punctuating his RER journeys, gradually germinated the seeds of Hip-hop.
It was during his first trip to the US that he finally fell in love with this culture. luXe, too is a child of the festival, and recognizes in it, the values he has always sought — tolerance, discipline, open-mindedness. He trained with the greatest, became a member of the Zulu Kingz, and fully embraced the essence of Hip-hop, between graffiti, dance and rap
We met him in his adopted 95, the land of his first steps in breaking, to retrace his life, his vision of Hip-hop and to talk about the Knights of the Zodiac.
BREAKERS : Can you introduce yourself?
My name is luXe, it’s my rapper blaze. In bboying I’m known as Nasty Yass. I’ve had a lot of AKAs too, like Nightmare, The Bronx Adopted Child, Musical Homicide, The Sound Engineer. These blazes, that are about music, were given to me because I was at a young age, musically oriented, even before I was good in dance. I learned very quickly to “dig”, to have access to huge sound banks.
I was born in Seine Saint Denis department 93. When I was seven years old, my family moved to the 95 (a Paris suburb). Today I represent the 95Zoo crew, it’s a breaking group of people from the 95. We can get together naturally, by taking the same trains to come back from battles, going to the States together etc.
BREAKERS : In which context did you grow up? Was it a context that favoured your encounter with Hip-hop?
I was born in Seine Saint Denis (93), but my parents are Iranian political refugees. They were very active in the Iranian resistance in their homeland, and once in France they remained active and continued to work there until about five years ago. That’s why we moved to the Val d’Oise (95), because in Paris this is where the resistance fighters are. So, I was born a political refugee myself. I spent most of my time at my parents’ work, surrounded by people with complex stories; soldiers, people who hijacked planes etc., completely crazy stories.
My childhood memories are of political demonstrations by thousands of people shouting “Death to Western imperialism, death to ***, the ***, the ***”. Therefore, I grew up with reference points that have nothing to do with growing up in a multicultural metropolis. I didn’t have the education to understand the everyday reality that I saw on the streets.
My parents were so involved in this extreme stuff that I had to build my own references. It was like I needed my own extreme thing. I think Hip-hop gave me that, gave me the keys to understand the world. That’s why I’m very attached to my elders, my big brothers, etc., because they’re the ones who gave me that.
BREAKERS : What was the trigger that brought you to Hip-hop?
My parents and I often travelled by train. Here you have the H-line that goes to Paris. It was these train journeys that made me curious. I was a kid, so I would look out the window and see the graffiti of all the northern suburb legends. I wondered about the different structures, techniques, forms of drawings. The diversity fascinated me, so many different drawings. It’s like when you look at the Looney Tunes and none of the characters look the same.
BREAKERS : Can you quickly situate the different periods of your life, between the graff, rap, breaking phases; between the USA and France etc.?
Factually, I started with graffiti. When I was 13, around 2000, I started breaking. The first tape I watched was the BOTY 2000, when the Flying Steps won. Then I got access to some “treasure” tapes: Ken Swift volume 1 and 2.
In 2003, when I was 16, I went to New York for the first time by myself. I had 10 days to kill, so I went to the street, walked around and met dancers on 5th avenue next to the New York Public Library and in Battery Park. They were mostly street guys, the ones who do street shows in NY and who are physically and spiritually machine-like. I exchanged views with a lot of people during this first trip, I battled guys in the street, many of them are great bboys, some became good friends.
After this first experience, I was hooked. I started going back to the States very frequently. All the money we made from street shows at the Trocadero was used exclusively to go to the States to smoking out people.
After this first trip, I went to IBE for the first time. There I met Alien Ness who, over time, became one of my greatest mentors.
BREAKERS : Before going back to breaking, I’m curious about something. From what you just described, I conclude that you fell in love with the United States and that you moved there. What do your parents and the environment you grew up in think about your love for the USA? When you grew up in a community that was hooked on the anti-imperialism you were talking about and a visceral anti-Americanism.
I’ll start by saying that I live it very well. When I was seven or eight years old, something clicked in my head. My parents were giving me some advice for my education according to their vision of the world and I had a click that made me say to myself: “The world has changed too much since they acquired this vision in their minds.
Indeed, you feel very alone when you understand that, but at the same time very solid. It’s as if you’ve seen the cliff in front of you, its height, and now you know you’re not going to fall. This did not stop me from loving my parents with all my might. On the contrary, it allowed me to detach myself from their responsibility for my success. It gave way to a purer love.
So, I quickly realized what a bogus thing politics was. That, in the world of homo-sapiens, politics is 100% made of unhealthy, hypocritical power plays that hide things dirtier than you can imagine.
BREAKERS : In France, when you started dancing, who were your mentors?
In the Val d’Oise (95) they were called TKO. Later Smirnoff, there was Bboy Peckos who moved to 95 when he was the hottest in his circle. He helped and defended me a lot. There was also Bboy Reegan, one of the greatest phasers in Ile de France (Greater Paris area), still unmatched in my opinion.
Nordine also trained me musically. He taught me to digest, to appreciate funk music. Once he drove me home and he put some Funk in the car. And I told him “Yo, fuck this, put on some rap”. He pulled over to the side of the road, stopped the car and said, “I have to explain something to you. If you want to have a chance of becoming strong, you have to understand the musical heritage of breaking, the way it works, the metrics etc. It’s funk that makes you strong. Funk will explain all that to you, rap is just a result”. He started to explain everything to me, I became passionate about it. I started to digest it. Two months later, I was called the sound engineer. Even today, if I have to do a sample battle, I smoke anyone in France.
I quickly learned that I wanted to impress the old guys, that they wouldn’t have imagined that there would be guys like that after them. My relationship with them was going to be that.
BREAKERS : It’s sometimes said that “You don’t know hip-hop until you’ve been to NY”.
New York is the center, it’s a place of birth and growth. No matter what anyone says, the evolution of hip-hop always starts there, and always goes through there. It happens in New York, but it’s universal, everyone can enjoy it in their own way. But New York is the infinite source of information, and you can’t cut yourself off from it. How can you turn on the light bulbs in your house if you cut off the electricity supply?
Then, locally in New York, you understand by living there that the city is optimized for the emergence of such movements. You understand it in the way the city is built, how people live, how they talk. The city is very dense, when you get up in the morning you have a neighbour who puts on Rakim’s entire discography, and you have no choice but to listen to it. Then you go down to the subway, and there’s the little CD seller on the corner with his Ghetto Blaster playing Funk all over the neighborhood.
Everyone raps there, it’s a real lifestyle.
BREAKERS : You equate all of New York with that culture. But if you take a guy from the richest part of New York, he’s not necessarily going to be part of that culture. In your circle of friends, maybe everyone was living the lifestyle because that was your social environment.
That’s a very interesting comment, and I’m happy to be able to answer it in a well-founded way. When I first came to New York, in addition to breaking and the street, I gave French lessons to very wealthy people. Some of my clients had children that I was in contact with.
This social setting that you describe is much less present there. In New York people talk to each other much more easily and naturally than here, it’s very permeable. That’s the big social difference for me between here and over there; despite their differences, people talk to each other. In my opinion, this is a gigantic vector of economic growth. The old and the young talk in the subway, the blacks and the whites, the rich and the poor.
This characteristic facilitates the birth and maintenance of Hip-hop.
BREAKERS : Once settled in New-York, you joined the Ready 2 Rock crew and the Zulu Kingz which are pioneer crews in the history of Hip- hop. Can you tell us about them?
I was Ready 2 Rock before I moved to the US. On yet another trip I did my ritual battle against all the members who were there that day. It was in Manhattan, after a whole jam. When I got out of the Jam they said “now you’re going to do your battle”. And I did what I had to do. Anyway, if you don’t make it through that, you have no reason being in this business.
Next, I’d like to address this topic by introducing a bboy that has been very important to me, and that is Bboy Floor Phantom. In my opinion, he’s the best, period. I really got to know him, my biggest pride in breaking is to have been his partner for a long time. I also had the chance to break many times with Kamel. The thing about having Kamel around is that his aura automatically makes you stronger. Whereas FloorPhantom is a black hole. With FloorPhantom by your side, you realize what 100% break should be like, and so immediately you realize how far you are from that breaking.
Breaking constantly crushes your ego to rebuild it, and being next to him crushes it more than normal.
And so, one of my biggest challenges was not to look ridiculous next to him.
BREAKERS : “Crush your ego to rebuild it”, can you elaborate on this sentence?
The title of bboy is not for everyone. Being a bboy or a bgirl is not a question of level, level is a result. It’s the way you manage your ego that makes you a bboy or not. Ego is a dance, and it’s a very complicated dance.
From my personal experience, as a guy who has traveled a lot, who has done all the battles, who has been against and with the greatest, I can say today that no one is more humble than a really strong guy. The guys who spread the image of the bboy with an overinflated ego will never be at the level of Kamel, Roxrite, Born or others.
Breaking is brutal. If you want to become strong you have to challenge yourself every day. Those who lose themselves in phase one of their ego will never get far. It’s a lot of work. Personally, I have sacrificed everything for this. I was married before I moved to New York. I took all the punches society can throw at you for not achieving their goals. What I have left today is survivor’s pride. In the mode – You can’t test me, I went through everything to be here. I hurt myself everywhere until I completely understood my body 100% and stopped hurting myself. I beat the demon.
What remains of these trials is something healthy. When you get to that level of understanding, you can’t look down on someone because you know what’s coming.
BREAKERS : You danced next to the legends. How does it feel to be next to the legends?
Have you been watching the Knights of the Zodiac? Do you see the old master? Basically, throughout the series, Shiryu’s master, is a rather old character – who is old throughout the series – who is posed in front of stunts and never goes into battle. Yet Shiryu constantly goes to him for advice. At the end of the series, you understand that the master has received the divine breathing technique that allows him to alter time — basically, one year for humans is a minute for him. So, throughout the series you think he’s getting older when in fact his human essence is still that of his youth.
In the humanly possible, I got this equivalent.
Specifically, at a certain point in my apprenticeship, I received advice from the greatest bboys of all time that allowed me to understand the real essence of Breaking.
I was lucky enough for a while to be able to train regularly on my own with Ken Swift. One day he told me “You have to stop training”. I was very surprised, I wonder if he’s kidding me, after all I’ve sacrificed to get here. He asks me what my goal is in breaking, 10, 20 years from now. I tell him that I want to leave my mark on the game. That I want to make people understand the gigantic commitment that is necessary and possible to have.
He said: “Ok, you’ll have to change your whole approach, stop doing battles”. I didn’t understand, so he explained: “You’re going to battle who? That’s it, you’ve been throwing yourself at every guy in New York that you thought was strong. You’re so overwhelmed that you don’t notice that you’ve already beaten everyone. You have to take a step back to understand that Breaking is an explosion. Think about the greatest breakers you know; do you see any of them at the venue?
Breaking is like rap, it’s a result, it comes from other things. When you don’t know how to do it, you have to practice, and it’s brutal. But you know how to do it. Now, for you, it’s a question of mastery, of creating moments. It’s a question of when, and especially why. You have to stop doing battles where you’re going to be judged by guys weaker than you. Do something else big, live your life to the fullest, and when it’s time for you to dance, it will be so explosive, it will have so much meaning that you won’t recognize yourself anymore. It will be other challenges. It will be things that the classic bboy won’t be able to test because what you bring back will be culturally too heavy.”
I was lucky that he told me this and insisted. It is thanks to such advice that I have been able to reach this stage in my dancing.
BREAKERS : A word about Rivers Crew?
I met Born twice in France at the time. At the Battle de Massy in particular. We checked each other out a bit, then when I was living in New York, he came to spend two weeks at my place and asked me a bit shyly: “What do you think about me coming to live in NY too?
Without thinking I told him to come. At that time, I was living in Brooklyn. It was crazy; the whole building was my crew. We all lived in it, we were there with all the gangsters, all the old-timers. The first generation would come in and smoke and drink with us. It was just crazy.
So, he came, I was also part of his integration in Ready 2 Rock. Regularly, the Rivers crew guys would come to New York, so we would connect. I was always with them when they came. One night after the Breaking Convention at the Apollo, they talked about me joining the crew and it just happened.
BREAKERS : What did being interested in the essence of the music itself do for you? Did it change anything in your dance to understand the music, which is ultimately 50% of what we do?
My personal experience is mixed compared to the people I know. In my opinion, the guys who ended up playing music or composing already had an intimate understanding of the thing that made them go off and have a blast in it. I don’t think it made them stronger in dancing.
As for me, with my background in rap, I started producing as a compulsion. I’ve always had a very keen ear and I didn’t meet anyone who could meet my needs. I was tired of getting feedback that I wasn’t happy with, tired of relying on other people for that. And on top of that, I thought it was horrible to have to feel indebted because they had done something for me when it wasn’t even 5% of what I wanted. So, I started producing. It gave me comfort in the certainties I had about rap, and also about bboys and bgirls as a social group.
There’s something I call the curse of the bboy. In my opinion, the bboy has a curse from the moment he wants to do something other than breaking. He has the advantages that breaking has given him, but he also has a huge array of disadvantages that he drags with him because of breaking. For example – what I’m going to say next is only true for bboys who have been competitive — think of any bboy who has had a career. Besides me, who’s really gotten good at rapping?
And how many have tried? Hundreds, thousands! But who’s been successful? That’s the curse of the bboy. The guy can be a break star, and he’s going to try his hand at rap; that’ll be cool! But ask him to come up with a real sound; it’s going to be shattered, cheap, he’s going to miss something. Why do you think that is?
Breaking is live dancing. That’s why breaking culture suffered a lot in the 80s after the fashion-effect had passed. After that it became more of an underground thing.
Compare that to rap and graffiti. What did the rappers and graffiti artists have in terms of business? They had a product. In breaking, there’s no product. When people started to realize that, they made products, i.e. VHS and DVDs of break. But who did they make them for? For themselves! So, the direction of breaking has always been live. We train to shine at a given moment, not for something permanent. When my parents explained this to me, it took me out of the whirlwind.
And the worry that follows is that when people come in and they know how to make products, 98% of the time they pick the wrong people. It’s not done right, or there’s always something missing etc.
BREAKERS : So that’s why breaking and rap diverged at a certain point. It’s true that at the beginning of the Block Party, the rapper knew how to graffiti and how to dance too. And there was a weak economy structured around that. But in terms of overall sales today we’re on both sides of the spectrum.
That’s right, it’s because breaking is not a product. Also, France doesn’t know how to use its strengths to good use. The
French cultural exception only materializes in some of the best breakers who have had an international influence. No one else.
The rest is total amateurism. Whether it’s in the events, the creation of eco-systems, the flyers… It’s cheap. It takes the magic out of the most magical thing on earth. If I, the guy who’s most committed to the cause, can’t make myself want to go to their events, how are you going to convince other people?
It’s because of this lack of professionalism that I’m running my platform today. It may blossom slowly, but it will be real and it will be hot.
BREAKERS : Are you teaching today?
Not right now, but I’ve done it before. After eight months of Breaking, Bboy Tao was with me in 2v2 against Casper and Smurf. He had the smarts to listen to me when I told him we had to do things in order. In a year and a half he judged a battle in Japan. And my students in New York are brilliant, especially Bboy Pollo.
BREAKERS : A word to the youth.
Eat once a day, sleep on the hard floor. Afterwards, you’ll see the speed and the energy with which you’ll get up in the morning. And also, you young people, go get the music, the history, the style. Listen to some luXe music.
Don’t be taken in by the industry’s sleeve. Don’t be fooled by the floppy discs of mediocrity. If the bottom works, you can do even more. Pull the thing up. And big up to all the guys who influenced me, helped me, thanks to every single person who knows they’ve been there, there’s been a lot.
Texte par : Tom Chaix et Léo Chaix. @tomrockk @leochaix
Photos par : Willfried Kareb. @willbreak86
légende :
♦ luXe, Gun Hill Road Station; BRONX – New York, USA, 2011.
♦ Officialisation de l’entrée de luXe dans Zulu Kings. Après le battle initiatique. Avec les membres de Zulu Kings présents ce jour là. Notamment Alien Ness, Born, Floor Phantom, Tyquan, Troll, Jazzy Joolz, Vix, Asia One. MANHATTAN – New York, USA, 2011.
♦ luXe performant un morceau de rap en concert.
PARIS, France 2017.
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