Les multiples vies de Niko Noki.
BREAKERS : Tu es né en quelle année ?
Niko : Je suis né en 1965.
BREAKERS : Donc tu as commencé le break à 17 ans ? Je pensais que tu avais commencé beaucoup plus jeune !
Niko : Avant je ne pouvais pas, ça n’existait pas.
BREAKERS : Qu’est-ce qui existait avant ? Dans quoi la jeunesse se retrouvait ?
Niko : Il y avait pleins de trucs avant, le monde n’a pas commencé à tourner avec l’arrivée du Hip-hop.
BREAKERS : Peux-tu nous raconter tout cela ? Comment as-tu vécu l’arrivée du Hip-hop en France, jusqu’à aujourd’hui.
NIKO ET LES DEBUTS, TOUT DEBUTS DU HIP-HOP FRANCAIS
Avant de commencer à danser, je faisais beaucoup de choses. J’allais souvent en boite de nuit, il y passait de la musique funk et soul comme le groupe Earth, Wind and Fire, ou « Upside Down » de Diana Ross. On ne dansait pas du tout de la même manière. On écoutait aussi un peu de Ska. Je faisais du roller, qui était une activité liée à la musique Disco. On était peu influencés par toutes les cultures américaines. Il faut restituer cela dans son époque, c’était un autre monde, on avait très peu de chaines de TV et pas de magnétoscope pour enregistrer ce que l’on voyait, peu de radios libres, et surtout pas internet.
La première fois que j’ai vu du break à la télé c’était lors du New York City Rap Tour, en novembre 1982. C’était une tournée de France, organisée par la FNAC et EUROPE1 et retransmise à la télé par l’émission MégaHertz, qui mettait en scène des acteurs américains de la culture Hip-hop. Je suis tombé là-dessus par hasard, sans savoir ce que c’était. J’ai eu un flash quand j’ai vu cette émission. Il y avait du rap, de la danse avec les Rocksteady, Crazy Legs, Mr Freeze etc. Les mecs dansaient par terre, c’était incroyable. J’ai tout de suite essayé dans ma chambre, seul. Ça a commencé comme ça.
Petit à petit, dans quelques rares endroits comme au Trocadéro ou à la MJC de Montorgueil (vers Chatelet et les anciennes Halles), j’ai rencontré d’autres personnes qui faisaient comme moi. C’est-à-dire que cette émission à la télé en avait marqué plus d’un, que je n’avais pas été le seul à la voir. J’ai revu Willy, une personne avec qui je faisais du roller, et j’ai commencé à m’entrainer avec lui. En 1984, je me suis rendu à une soirée à l’hôtel Nico et j’ai fait la rencontre de Solo. Il a vu que je dansais, moi pareil donc nous nous sommes défiés directement. Quelques jours après, en soirée aux « Bains Douche », Willy m’a présenté plus convenablement à Solo. « Les Bains Douches » était une boite de nuit située dans le 3ème arrondissement de Paris, c’était un au lieu de regroupement de la scène Hip-hop naissante, et notamment la boite de nuit des PCB, les « Paris City Breakers ». Nous avons échangé et sympathisé très rapidement, le soir même je lui montrais quelques mouvements que je connaissais. Quelques jours après cette soirée, il m’a proposé d’intégrer les « Paris City Breakers ».
On était complètement passionnés par le break. Presque personne d’autre en France ne faisait la même chose que nous. On a commencé à progresser tous ensemble, à créer des mouvements, à chercher l’inspiration où c’était possible de la trouver. Lorsque Beat Street est sorti au cinéma, je me rappelle être allé le voir 6 ou 7 fois, uniquement pour voir la scène du battle, car nous n’avions toujours pas de magnétoscope pour enregistrer les vidéos.
Les « Paris City Breakers », Franck, Scalpe, Willy (un autre) et Solo étaient les danseurs en contrat avec l’émission H.I.P. H.O.P. animée par Sidney. Lorsque j’ai rejoint le groupe nous avons beaucoup tourné avec l’émission, nous avons fait beaucoup de shows. Pour nous, c’était l’occasion de se faire un peu d’argent, d’être sponsorisé par les premières marques Hip-hop, Adidas, Fila, Puma etc. On passait à la télé une fois par semaine, mais à côté de ça, on s’entrainait tous les jours. Le fait de passer à la télé faisait de nous les danseurs à battre, donc tous les week-ends en soirée on se faisait défier. De mon point de vue, en duo avec Solo, nous n’avons jamais perdu un seul défi.
Afrika Bambaata était le parrain de cette émission. Grâce à cela, nous avons été les premier zulu King Français avec Sidney.
BREAKERS : Enormément de monde connait H.I.P H.O.P, mes parents connaissent alors qu’ils n’ont jamais été dans le Hip-hop. Cette émission a été un pas énorme pour le Hip-hop Français. Quand vous étiez jeunes et que vous avez rencontré ces figures du Hip-hop américain comme Afrika Bambaata, Madonna, Herbie Hancock, est-ce qu’ils essayaient de vous responsabiliser sur votre rôle en tant que pionniers Français vis-à-vis du développement de la culture ?
Honnêtement, je n’en ai aucun souvenir. Je pense même que je m’en fichais complètement. Je ne sais pas s’ils m’ont expliqué quoi que ce soit, j’étais juste à fond dans mon truc, comme un gamin qui a l’envie de tout déchirer. A l’époque on ne parlait même pas de culture, on avait aucune idée qu’on était en train de construire quelque chose d’immense. On était juste là, à s’entrainer, à faire des mouvements inspirés de ce qui était à notre portée et de ce qu’on avait déjà vu plusieurs fois, c’est-à-dire les danses Russes, les films de karaté, les cours de capoeira… Avant que les premiers films de Hip-hop arrivent on n’avait rien pour construire, donc on a inventé. Avant Beat Street on dansait en chaussures de ville, en mocassin. C’est à la suite de ces films qu’il y a eu un effet d’imitation, les Puma en daim et tout.
Quand H.I.P H.O.P. s’est arrêté, beaucoup de monde a arrêté de danser, mais pour nous rien n’a changé. L’héritage de ces premières années avait quand même laissé un petit noyau dur qui a continué à alimenter le mouvement. La musique est arrivée, il y avait davantage de soirées et de lieux de partage comme la salle Paco Rabane, le terrain vague de la Chapelle… Avec PCB nous avons aussi recruté des nouveaux membres dont Wilson, Fly D, Maurice et Joey.
Il y a quelque chose qu’il ne faut pas oublier, c’est que la particularité du Hip-hop Français est de s’être fait tout seul. Le Hip-hop Français, à ses débuts, ne doit rien aux Etats-Unis. Les racines du Hip-hop Français sont locales. Ce que je veux dire par-là, c’est qu’il est évident que le break vient des Etats Unis mais qu’en 1982, nous avons lancé notre propre mouvement après avoir vu les RockSteady pendant 30 secondes à la télé. Après le NY City Rap Tour, nous n’avons pas attendu d’autres vidéos pour apprendre d’autres mouvements, car les autres vidéos sont arrivées un an après. Les modèles du Hip-hop Français c’était nous, nous qui passions à la télé tous les dimanches lors de H.I.P. H.O.P., pas les Américains. Il n’y aurait pas une histoire si forte en France si elle n’avait pas commencé comme ça.
NIKO EN ITALIE
En 1885, Joey et Maurice ont décidé de partir à Milan. Joey m’a appelé peu de temps après pour me proposer de les rejoindre car il y avait de quoi travailler dans la danse. Il y avait très peu de break là-bas à l’époque. Très rapidement j’ai été intégré dans la scène Italienne car mon niveau était bien plus élevé que le niveau local.
Je faisais quelques allers-retours en France mais je passais la majorité de mon temps en Italie. En 1986 j’ai organisé une JAM à Montova, avec les bboys de Montova. Enormément de danseurs de toute l’Italie sont venus à cet événement. Ça a créé beaucoup de connexions. Des mecs de Modena m’ont invité à venir m’entrainer chez eux, donc j’y suis allé, pareil pour Ancône et beaucoup d’autres villes. J’ai fini par faire un pseudo tour d’Italie pour aller danser et enseigner. En Italie en 1986, ils n’avaient pas encore beaucoup de powermoves, j’ai beaucoup enseigné, beaucoup partagé mes connaissances, mes mouvements. Je pense que c’est grâce à cela que j’ai eu un déclic en termes de compréhension de la danse à cette période.
Pour comprendre l’influence qu’a eu la France dans le bboying Italien je vais vous raconter 2 anecdotes. A Ancône j’ai tourné une vidéo sur une terrasse dans laquelle je montre tous mes powermoves. En fait, un bboy local m’avait demandé de lui montrer ces mouvements pour qu’il puisse les filmer, car il était équipé avec le matériel nécessaire. Donc j’ai fait ce qu’il me demandait de faire. Cette vidéo ensuite a beaucoup tourné à Ancône. Elle a été la « bible » des bboys locaux car elle a été leur seule vidéo pendant des années. L’influence a été tellement importante que même les générations d’aujourd’hui ont un style et un toucher identique au mien. Je le sais car j’y suis retourné presque régulièrement à partir de 2016 pour donner des stages.
Pendant cette même JAM que j’ai organisée à Montova, il y avait aussi beaucoup de mecs de Turin, ville dans laquelle je n’étais jamais allé. L’année qui a suivi cet événement, Maurizio, que j’avais entre temps rencontré à Paris, m’a invité chez lui à Turin. Quand je suis allé là-bas je me suis rendu compte que tous les mecs faisaient les mouvements que j’avais inventés. Ils m’ont tous dit également que j’étais leur grande inspiration etc. Mais comment avais-je pu les influencer ? Je n’étais jamais allé là-bas et il n’y avait pas de vidéo à l’époque !
Les années ont passé et il y a quelques temps, un de mes amis m’a envoyé une vidéo de mes passages à cette JAM à Montova en 1886. Il m’a appris qu’un mec avait tout filmé et que lui avait la seconde moitié du film, mais qu’il ne savait pas du tout où était la 1ère moitié. Je suis persuadé que ce sont les mecs de Turin qui ont choppé la première partie de la cassette, mais personne ne veut me dire si c’est eux. Où est la cassette quoi ? Je l’ai demandée à tout le monde, à tous mes amis de là-bas, personne ne veut me dire la vérité ! On a tous 50 ans passés maintenant, donnez-moi la cassette !
Voilà l’influence de la France dans le break Italien. Ces 2 anecdotes portent sur mon expérience personnelle, mais on est plusieurs à être resté longtemps là-bas et à avoir vécu des expériences similaires. Si les mecs là-bas disent encore « passe-passe », « envolée », « coupole » ce n’est pas un hasard.
« J’avais comme unique base le fait que j’écoutais de la musique H24, mais je n’avais aucune notion de la construction musicale, de la compréhension du matériel. »
NIKO COMPOSE
A l’époque, dans les années 1980 – 1990, on était « Hip-hop » par passion. Jamais en commençant quelle discipline que ce soit nous nous étions dit que nous allions en faire quelque chose de notre vie, ça ne nous traversait même pas l’esprit. On dansait juste par passion, pour aller défoncer les autres dans les soirées du week-end. Et puis toutes les disciplines du Hip-hop étaient très proches à l’époque, donc on testait tout car on était en quête de sensations, on s’appropriait les choses au fur et à mesure.
Un jour j’ai acheté du matériel de musique et j’ai commencé à apprendre. J’avais comme unique base le fait que j’écoutais de la musique h24, mais je n’avais aucune notion de la construction musicale, de la compréhension du matériel. J’étais dans la découverte, dans l’apprentissage autodidacte. C’était comme pour la danse, tu avais vu un jour une vidéo et tu essayais. Donc cette période d’apprentissage est longue mais tu progresses petit à petit, jusqu’à comprendre, trouver ton style, t’identifier.
Le premier gros projet sur lequel j’ai travaillé était le premier album de Passi : « Les Tentations ». Cet album a cartonné. À la suite de ce succès, Passi a décidé de fonder un groupe de rap, avec des instrumentales samplées de musiques traditionnelles africaines. Il est venu chez moi un jour avec des disques de musiques africaines et m’a proposé d’essayer de maquetter les sons. On a essayé, ça a commencé à fonctionner, donc Passi a réuni plusieurs rappeurs d’origine congolaise, dont Arsenik et a créé le groupe « Bisso Na Bisso » en 1997. Ça a été un nouveau succès commercial.
En parallèle à cela, j’avais une affinité particulière pour la musique latine. J’achetais des disques de la maison New-Yorkaise « Fania Records », qui produisait beaucoup de Salsa et autres styles latins. J’avais également découvert la musique traditionnelle cubaine et je commençais à composer aléatoirement quelques titres aux consonnances cubaines. J’ai vu que les maquettes rendaient bien, donc j’ai commencé à vouloir créer un album de rap avec de la musique traditionnelle cubaine. J’en ai parlé à mon ami Ivan Montoya, qui faisait partie du groupe fusion « Sergent Garcia » et on s’est mis à la recherche de chanteurs traditionnels cubains, les « sonero » et de rappeurs. On souhaitait partir à Cuba pour trouver des chanteurs, mais nous n’avons pas réussi à débloquer de financement, donc nous nous sommes dit que nous allions créer le groupe ici, à Paris. A la même période, le groupe leader du rap cubain de l’époque, très inspiré du rap américain, « Amenaza », était de passage à Paris. Nous avons réussi à les rencontrer pour leur expliquer le projet : « Je ne veux pas de rap américain, je veux un mélange entre le traditionnel cubain, ses percussions et ses voix, et la modernité du Hip-hop, entre batterie et manière de faire tourner les samples. Je veux un vrai sonero traditionnel cubain. ». Ils ont accepté après quelques hésitations, et nous avons enregistré 5 titres : « A lo Cubano », « Atrevido », « 537 C U B A », « Represent » et « Barrio ». A noter que pour ces 2 derniers titres, nous avons eu le plus grand percussionniste cubain, Miguel Anga Diaz qui est venu poser des percussions. Initialement, il avait payé un studio pour pouvoir enregistrer des percussions sur les titres « Represent » et « Barrio ». Après signature il a joué sur tous les titre de l’album « A Lo Cubano ».
Ces 5 titres nous ont permis de signer en maison de disque, et de débloquer une avance sur le budget pour aller rejoindre les chanteurs qui étaient rentrés à Cuba. Je me suis rendu à Cuba avec tout mon matériel pour enregistrer là-bas. C’était un truc de fou à l’époque d’amener un tel matériel à Cuba, où les ordinateurs étaient interdits. J’ai réussi à faire entrer mon matériel et je me suis installé chez Yotuel (rappeur de « Amenaza ») à la Havane. En soirée, j’ai rencontré une scène Hip-hop, break, Rap incroyable qui m’a très vite accepté. Nous avons repris l’enregistrement des morceaux, avec des musiciens, pianistes, flutistes, tresero locaux, recrutés sur place. Une fois le travail terminé, nous sommes retournés à Paris et nous avons signé en maison de disque en Espagne, à Madrid.
Vous avez peut-être deviné de quel groupe il s’agit. C’est comme cela qu’a commencé l’aventure du groupe « Orishas ». Nous sommes partis en tournée dans le monde entier. J’ai tourné avec eux pendant quelques années.
En 2005 j’ai commencé à vivre de la musique et à quitter un peu le monde de la danse. À la suite de cela j’ai composé pour des films, des dessins animés et autres projets.
En 2012 je suis revenu un peu dans le monde de la danse, et j’ai vu un monde qui avait totalement changé.
Beaucoup de gens aujourd’hui se disent être « Hip-hop » depuis le début, car ils ont toujours dansé. Le problème c’est qu’ils ne te parlent que de danse. Ces gens sont totalement déconnectés de la réalité du Hip-hop. Il y a ce côté de distanciation des disciplines dans le Hip-hop qui est dérangeant et qui ne permet plus à la jeunesse de pouvoir comprendre le Hip-hop dans sa globalité. C’était une façon de vivre, une culture à part entière. C’est compliqué d’appréhender ce truc-là, cette culture globale, quand tu ne l’as pas vécu.
NIKO EXPLIQUE
Quand j’ai intégré ON2H, j’ai eu une discussion avec Jay-One. Je lui disais que je ne comprenais pas pourquoi tout le monde parlait des JO sans ne jamais mentionner l’importance de la culture. Pourquoi est-ce qu’on irait avec des fédérations ? Avec le ministère des sports ? Il m’a répondu : « Niko, oublie, ils ne comprendront jamais cet aspect global que tu vas leur expliquer. ». On a rendu le Hip-hop tellement mainstream que tout le monde se l’approprie, à tous les niveaux.
A l’approche des JO, plusieurs questions se posent. Si tu approches la danse comme un sport, combien de temps vas-tu durer ? Ils te vendent cela comme un sport, ils te vendent des années de bonheur, comme si la précarité était terminée. Mais il faut savoir qu’une médaille ne donne pas un salaire à la fin du mois. Beaucoup de médaillés olympiques sont au RSA, et ce partout dans le monde. On nous envoie des étoiles, on se sert aujourd’hui de la précarité des danseurs pour leur faire croire que ce qui est mis en place les sortira de l’insécurité financière. On donne des miettes en disant « voilà, vous avez quelque chose maintenant ». Alors que si la majorité des danseurs n’étaient pas en précarité, personne n’aurait accepté ces miettes. Ce ne sont pas de vraies perspectives qui sont proposées. C’est bien, mais moins bien que ce qui devrait se passer.
Mon discours vis-à-vis de ces changements dans le monde du break est simple.
Je pensais que cela allait être une possibilité pour les danseurs de récupérer ce qui leur était dû et de sortir de la précarité. Mais il aurait fallu faire ça différemment, avec des moyens débloqués pour les danseurs, des développements de vrais métiers… Que le break et le Hip-hop trouvent une place dans le fonctionnement national de la danse.
C’est pour cela que j’ai intégré ON2H, car nous avons vraiment décidé de quitter la sphère du sport. Nous défendons la culture, nous nous battons pour sortir durablement les danseurs de la précarité. Nous travaillons sur la création de formations, de métiers, sur du long terme. Faire un 3-step ne va pas t’apprendre à gérer une structure, un centre chorégraphique.
Au niveau sportif, nous sommes en train de nous piéger tout seul, de perdre notre indépendance. Si on prend l’exemple de la musique, de plus en plus de labels redeviennent totalement autonomes car les grosses structures dominantes ne plaisent plus. Dans la danse, nous étions dans l’indépendance et maintenant on est en train de se mettre dans un cadre, où il faudra un jour affilier nos associations à la FFD pour pouvoir demander une salle à la mairie et organiser un battle. Il faut faire attention de ne pas se faire manger.
A silly question to ask? Is this breakable? Often when I see a surface I instinctively know whether or not my palms will be sandpaper once I’m done, or if I’m lucky and strike gold a spot might even welcome a windmill. I walk around London and am constantly scanning the area to find interesting places to throw down. But perhaps there is more to this question than the texture of the floor? Perhaps you’re asking yourself why a B-boy or B-girl would even ask this. Why not be in the studio with a polished sprung floor, cucumber water and 1000 mirrors surrounding you to bask in all your talent?
When I first took up breaking at 11 I had access all week to a studio at the YMCA. Large mirrors, speakers and even a collection of gymnastics mats provided my crew and I with a great space to train in. I worked for 7 years until something faded away. As if I had hit my ceiling at the time, I felt like my musical style was irrelevant, I lost a spark. But the truth is, I didn’t hit my ceiling, I simply lost touch with the essence of Hip-Hop. My knowledge of the culture was limited, my sense of artistic expression at the time was undeveloped.
Although I had the great privilege of access to a free, clean, comprehensive rehearsal space, something about my opinion on Breaking collapsed my interest, training became flat and repetitive, I lost my voice so to speak. But here I find myself, in 2021, writing this story to share my unusual road back to the break. To tell you all I have fallen back in love and I’ll never be ashamed to admit it again! Since 2019, my best resource has been my wit, like a Hip-Hop nomad I have been roaming, traversing the city of London, discovering new perspectives on the spirit of Hip-Hop what it means to break, embracing the city landscape.
Dragging myself through the trenches of the internet, like a private detective looking for a lead, I searched for places, community projects or a secretly established rendezvous to dance at. A Facebook group: ‘The Royal Festival Hall cloakroom’ which had posted a timetable for rehearsals throughout the month revealed itself and immediately I was intrigued. There were no photos so I had a weird thought that I might be shut away in a wardrobe, headphones in, trying to thread and spin whilst staff gathered peoples belongings. But upon arrival, I was pleasantly relieved. A grand building on the face of the Southbank of the Thames, The Royal Festival Hall is a concert venue where various exhibitions and performances take place week-in week-out. Its cloakroom is located just below the main entrance floor and is far from a foggy closet. It rolls nearly the length of the building with balconies from the main 1st floor overlooking its stretch. A community project that provides this space from 10 AM-5 PM throughout the month, dancers from all walks of style utilise it. I thought there was no need to ask ‘’Is this breakable?’’, my first few steps made me believe I was royalty treading across a smooth marble stone floor. But soon realised that though smooth, the floor is actually extremely dense. It may be an innate consequence of breaking, the fact you are throwing your body around the floor you have to expect it will take a beating from time to time. But I found here, my initial impression that I was royalty was not quite true as the stone floor can be extremely unforgiving. Knee pads; essential, as well as extra layers for working across your back and transitioning, but this could be said about anywhere outside a studio floor. With this another issue arises, my body’s need for perspiration. With two jumpers on (to avoid hammering bones), after a couple of sets, it appears I have been swimming, when in fact all I was trying to do was get from swipe to flare to windmill. I find myself overheating indoors wrapped up this way. Tiring myself out sooner than planned and cutting training short by 30-45 minutes on a bad day. But what can I do? My body no longer has the elasticity of a 15-year-old, fearless who knows no pain (but even back then I had dance mats). I need the padding, I’m only 25 but sometimes I am left feeling 52. I’ve also been out so long from intensive training, if only there was some Limitless style breaking pill to turn my body IQ to 1000. Maybe a studio with a sprung floor is essential? I think… Maybe I do need air conditioning and energy vitamin cucumber boost drink thing! But would I get the same sense of spontaneity?
At the Royal Festival Cloakroom, I crossed paths with so many new styles. I could observe house, ballroom, litefeet, popping… You name it, the styles are there and everyone observes and appreciates the kind of liminal space they are in together. There is a relaxed, thoughtful atmosphere at this spot, good to zone into your own world and quietly feed off others’ energy around you. The Royal Festival Hall is ideal for the periods it’s open, but isn’t always reliable with events taking over unannounced at times, meaning you travel an hour into central only to discover you can’t enter. But it is inside, meaning it’s accessible despite the weather, us goers are thankful for this space. This privilege can not be said for all spaces though.
Exchange House, a commercial tower just off of the bustling Liverpool Street where at its base sits sheltered plaza space. Though undercover it is still somewhat seasonal, the UK has the most unpredictable weather (The joke is that it’s basically all we talk about over here, but perhaps there’s too much truth to that for it to actually be a joke). Winter months get bitter to, especially with skyscraper districts in London that channel the cold winds in. Coming into winter whilst writing this piece my photographs reflect its current abandoned nature. But the periods of the year it is used, Exchange House’s beauty comes in how it sits in the balance of the world. One moment a corner no one would look twice into, an hour later flooded with Breakers from all walks of life. Whereas The Royal Festival Hall cloakroom space was established by the Southbank Centre and advertised through social media channels, Junction House is effectively an enigma in terms of officiality. There is no public information or set schedule of practice times, but the breaking community here in London have somehow claimed it as their own, as if Hip-Hop stumbled by and said ‘’This will be our living room, our cypher zone!’’ You can almost guarantee to find a handful of people here each night throughout the week, an extensive, diverse community. You get the feeling at Exchange House that everyone is welcome, regardless of skill or background. Every time someone arrives or departs they will walk around and knock fists with every single person present, whether they really even know them or not, it became apparent to me that respect should be something simply understood. There is such an open sense of community, whether an individual or crew, everyone is training around each other and together the spot effectively becomes an unofficial jam, but without the pressure. It’s the essence of what we do. I recognised Junction House as a spot where the true essence of Hip-Hop naturally broke through. Is this breakable? There was a time when the plaza at the foot of Exchange House was simply somewhere for accountants and office moguls to pass through, perhaps perch on a wall and eat their supermarket lunch. Now, it’s a place where if you want to cypher, guaranteed there will be a handful of others to meet you there to join the conversation, no matter where you’re from, you are all connected through the need to break. After all, who’s to say it’s a coincidence it’s called Exchange house?
Occasionally utilising said spots throughout the year gave me a good facility to test my body, but it wasn’t until the tail end of 2019 I decided to take up training breaking full time again (I have a gift for timing). The introduction of COVID-19 implemented lockdowns around the world, shutting people apart, meaning these discovered spots were closed and futhermore congregating in groups was prohibited. This meant most trained at home in turned out living rooms. I left London for a few months, stayed at home in the quiet countryside, turning my Mum’s kitchen into Tom’s battleground, you couldn’t enter without being called out. But Hip Hop felt very alive in me, and the more I trained the more I thought about the roots of the culture, how in the 70’s kids just started breaking on street corners to announce themselves. It was born and eventually grew to The Mighty Zulu Kingz and Rock Steady. But think, back then there was no prize money or international competitions, this was pure self-expression and representation of the self. A city as big as London can be oddly isolating at times, even more so during the lockdown, knowing you’re surrounded by so much yet nothing is open, it’s frustrating. But the time came to return to my South London flat and I could not let anything stop me. It rang around my mind, how they would take to the streets and just dance, how strangely captivating that could be! I felt like this was where breaking belonged, the amazing visual irony of throwing down on the street where people just walk or go about their day. To break that rhythm, that social conduct, how exciting that could be. I was still gathering the confidence to own my style, I saw solitude as an opportunity to do just that. One day, I was, as usual, casually pondering my existence and somewhere along the line arrived at the absurd idea of what dancing in itself is. I came up with a kind of mantra :
« To honestly feel (the music). To enjoy what is unique to you (your body). To express that, how you must (the mind). »
That meant even if the environment wasn’t ideal, the ideal I had just established must remain true, regardless of the environment. This was my Hip-Hop. So I asked myself why not try something different, somewhere different?
Brockwell Park, a vast circular recreation ground with winding paths leading up to a cafe and seating areas on top of a hill. For a whole year, It was effectively my back garden. At random times, throughout a 6-month stretch, you could catch me, Cinnamonstickz, throwing down some funk, all from up top. To ask if this surface was breakable is to ask whether cheese grates against a waxed surfboard, (come to think of it, cheese actually would grate well against this surface) it’s pure tarmac. So unless you have some kind of thick reptilian skin this is not the place to go on your back. I had a concept of approach and decided I was going to strictly toprock. This meant to ask something new when saying Is this breakable? Concerned about my quality of movement in the upper half of my body, asking how that related to what my feet were doing simultaneously, toprock is the introduction to your style and for me personally it became the most important factor in my dance. I wanted to reflect my sense of play and imagination, I wanted my toprock to be captivating, inventive, original. I started searching for theatrical elements to tell a story almost Shakespearean, to truly cultivate my own original style.
A bench in the park – sounds standard perhaps, but this spot was home to the Brockwell clock tower, my beautiful green friend whose arms constantly malfunctioned for days on end, making my sessions timeless. I didn’t take much notice of this detail to begin with.
But as the residents of south London would go about their daily strolls, they would stop and observe me. I began to notice the flow of daily life made the space ever-changing. I remember always wondering as I walked over, who might be sitting there? Would music already be playing, louder than I could play mine? Is the sun breaking through that perfect gap in the tree line? The green clock tower became more than a temporary place to sit, in my world, it was glorious ground to play and create. I enjoyed the enigmatic energy I put out, was I truly insane or simply free? Though at times some did not care for my presence, in fact, I’m sure they made it their mission to disrupt my flow by walking directly through my space whilst I was in the middle of a set (a problem you don’t get at more established spots). But even this would not deter me, I’d use it as an opportunity to clown on them as if they called me out in the cypher, throw a burn their way. On the weekend, groups would sit close by and Jam with instruments. From Jazz to Latin they’d provide me with new musical accents and rhythms, which of course became more ingredients of spontaneity to experiment with.
As you can tell by my statement, dancing is largely a spiritual practice for me. So most of the time whatever was going on in the park around me only mattered when I stopped in intervals to observe it. But these moments of reflection created a type of catharsis in me that then translated into my movement. This leads me back to my Shakespearian self,
‘’To honestly feel (the music). Enjoy what is unique to you (your body), then to express that, how you must (the mind).’’
Interview : Niko Noki. @nikonoki
Texte par : Tom Chaix. @tomrockk
Photos par : Sebastián Esguerra. @__aburridx__
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